GrèceCondamné à 142 ans pour trafic de migrants, il sera bientôt libéré
En 2020, lui-même migrant, un Somalien avait été contraint, sous la menace d’une arme, de prendre les commandes d’un bateau. La loi grecque, très sévère, avait renforcé sa peine après la mort de deux femmes.
La Cour pénale de l’île grecque de Lesbos a annoncé, lundi, lors d’une procédure en appel, la libération, d’ici à un mois, d’un homme condamné en 2021 à… 142 ans de prison pour trafic de migrants. M.H.A., Somalien de 29 ans, qui a fui son pays pourchassé par le groupe terroriste Al-Shabab, a été condamné en mai 2021 à 142 ans de prison dont 20 ans ferme d’emprisonnement pour transport illégal de migrants avec des circonstances aggravantes, puisque deux femmes se sont noyées lors d’un trajet en mer.
Dans une loi grecque datant de 2014, tout migrant accusé d’avoir conduit un canot de réfugiés encourt une peine minimale de 10 ans de prison, même s’il est prouvé que ce n’est pas un passeur et qu’il n’a pas été payé pour effectuer la traversée. La loi prévoit par ailleurs 15 ans d’emprisonnement pour toute personne morte lors du voyage et 8 ans pour chaque passager transporté.
Le 1er décembre 2020, M.H.A. était monté avec 33 autres personnes dans un bateau. Après vingt minutes, le moteur s’était arrêté. Avant de les abandonner, le passeur a pointé un pistolet sur le Somalien en lui ordonnant, en turc de guider l’embarcation.
Bon comportement et travaux généraux
Lundi, la Cour a réduit sa peine à… 8 ans de prison. En raison de son «bon comportement», de «près d’un an et demi de travaux généraux effectués» et du fait qu’il a déjà purgé deux ans et demi en prison, il sera libéré d’ici à un mois, explique l’un de ses avocats, Alexandros Giorgoulis. Le mois dernier, deux Afghans, qui avaient été condamnés à 50 ans de prison, ont été libérés en appel dans une affaire similaire.
Stelios Kouloglou, eurodéputé grec de gauche, présent lors de l’audience, a déclaré qu’«il fallait continuer à se mobiliser sur cette question. Des milliers d’autres migrants actuellement dans les prisons grecques, accusés d’être des passeurs, sont condamnés à tort.» C’est, d’après l’eurodéputé, qui a lancé une campagne d’information auprès de ses collègues au Parlement européen, «la deuxième catégorie de détenus la plus importante en Grèce».