GrèceAprès le naufrage, neuf passeurs présumés placés en détention provisoire
Neuf Égyptiens ont été placés en détention provisoire en Grèce, après avoir survécu au naufrage de l’embarcation de migrants qui a fait au moins 82 morts.
Neuf Égyptiens, soupçonnés d’être des passeurs impliqués dans le naufrage d’une embarcation de migrants au large de la Grèce qui a fait au moins 82 morts, ont été inculpés pour «trafic illégal» d’êtres humains et placés en détention provisoire, a-t-on appris mardi de source judiciaire grecque.
Les neuf hommes, rescapés de ce drame qui pourrait avoir fait des centaines de victimes, avaient été arrêtés jeudi dernier à Kalamata, un port du sud-ouest de la Grèce où avaient été acheminés les 104 survivants de ce naufrage, l’un des pires survenus en Méditerranée orientale ces dernières années.
Âgés entre 20 et 40 ans, ils sont également poursuivis pour avoir constitué «une organisation criminelle» et pour «homicide par négligence». Ils encourent une peine de prison à vie, selon la loi grecque. Durant leur comparution de plus de 10 heures mardi devant une juge d’instruction de Kalamata (sud-ouest), ils ont tous nié les chefs d’accusation, selon la même source.
Le naufrage meurtrier, présenté comme l’un des plus graves impliquant des migrants en Méditerranée, s’est déroulé dans la nuit du 13 au 14 juin à 47 milles marins (87 km) au large des côtes de la péninsule du Péloponnèse, dans les eaux internationales, selon les gardes-côtes grecs.
Septième journée de recherches
Une frégate de la marine, un patrouilleur et quatre autres bateaux ont poursuivi toute la journée mardi des recherches dans la zone pour la septième journée consécutive, selon les autorités, mais les espoirs de retrouver d’éventuels survivants sont quasi-nulles.
Soixante-dix-huit corps ont été récupérés en mer au lendemain du naufrage. Trois autres ont été découverts dans la zone du naufrage lundi, puis un autre mardi, portant à au moins 82 le nombre de morts. Selon des témoignages de survivants, des centaines de personnes se trouvaient à bord de ce bateau de pêche vétuste et surchargé qui avait appareillé de Libye à destination de l’Italie.
L’Organisation mondiale des migrations (OIM) et le Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (UNHCR) estiment qu’entre 400 et 750 passagers se trouvaient sur le chalutier, dont des femmes et des enfants. Selon un décompte des autorités grecques, parmi les rescapés figurent 47 Syriens, 43 Égyptiens, 12 Pakistanais et deux Palestiniens.
Enquête sur l’opération de sauvetage
Les circonstances du naufrage ont soulevé de nombreuses questions. Les gardes-côtes grecs sont pointés du doigt par des rescapés et des ONG, notamment parce qu’ils avaient repéré le bateau depuis mardi mais ne sont intervenus que tôt mercredi matin au moment où le bateau a chaviré et coulé.
Les autorités grecques, sur la défensive, ont répété que les migrants avaient refusé toute aide mais des ONG ont assuré que les autorités auraient dû intervenir même en cas de refus car le bateau, surchargé, était en détresse. Outre une enquête ouverte par les autorités grecques, les Nations Unies ont demandé une investigation.
«Nous ne savons pas les conditions précises de cet incident horrible (…) qui vient s’ajouter au nombre croissant de morts en Méditerranée», a déploré mardi à Genève Shabia Mantoo, porte-parole du Haut commissariat des réfugiés. Mais l’OIM a dit «redouter que des centaines de personnes supplémentaires» se soient noyées «dans l’une des tragédies les plus dévastatrices en Méditerranée en une décennie».
La Cour suprême grecque a ordonné une enquête pour déterminer les causes du drame qui a choqué la Grèce, accusée depuis des années par des ONG et des médias internationaux de refouler des migrants en quête d’asile dans l’UE.