Guerre en UkraineSans gaz russe, l’Allemagne plonge dans la récession
L’économie allemande risque la récession en 2023, en cas d’arrêt immédiat des approvisionnements en gaz russe, selon les instituts allemands spécialisés.
En 2023, le produit intérieur brut de la première économie européenne reculerait de 2,2% en cas d’arrêt des livraisons de gaz, dont l’Allemagne est particulièrement dépendante, affirment six organisations influentes (DIW, IFO, IfW, IWH et RWI). La perte de PIB cumulée sur 2022 et 2023 s’élèverait à environ 220 milliards d’euros, ou 6,5% de la richesse annuelle, précisent-elles.
«Si l’approvisionnement en gaz est arrêté, l’économie allemande est menacée d’une forte récession», commente Stefan Kooths, vice-président du IfW, dans un communiqué. La chute du PIB serait notamment de 5% au deuxième trimestre de 2023, avant que l’économie ne se reprenne en fin d’année.
Embargo indésirable
Un embargo éventuel sur le gaz russe fait l’objet d’âpres discussions entre les États membres de l’UE, Berlin étant l’un des principaux opposants à un arrêt immédiat des importations, estimant qu’il en va de la paix économique et sociale dans le pays. Les conséquences d’un tel arrêt et la capacité de l’Allemagne à trouver des sources alternatives d’énergie à court terme font l’objet de débats parmi les économistes. Berlin, qui se fournissait avant la guerre à plus de 55% auprès de la Russie, a déjà réduit cette part à 40% et multiplie les démarches pour trouver d’autres fournisseurs.
L’Allemagne n’envisage pas pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024 et a activé fin mars, le premier niveau de son plan d’urgence pour garantir l’approvisionnement en gaz naturel face à la menace d’un arrêt des livraisons russes. Les instituts relèvent globalement que l’économie allemande «traverse des eaux difficiles» et ce au moment où la levée des restrictions liées à la pandémie a pu donner un coup de fouet à l’activité.
Les chaînes d’approvisionnement «sont toujours sous tension» alors que des restrictions nouvelles frappent la Chine notamment, et les «ondes de choc» de la guerre en Ukraine «ont un impact négatif sur l’économie, tant du côté de l’offre que de la demande», relèvent-ils.
Prévisions revues à la baisse
Les conséquences de la guerre en Ukraine amènent ces six instituts à tailler dans leur prévision de croissance pour 2022, désormais attendue à 2,7%, contre une estimation à 4,8% en octobre. Cela se traduit également dans un taux d’inflation attendu de 6,1% cette année, et même 7,3% en cas d’arrêt des livraisons de gaz, soit «la valeur la plus élevée depuis la fondation de la République fédérale». En 2023, le taux serait encore de 5,0% sans les livraisons et 2,8% si elles sont maintenues.