Présidentielle au VenezuelaL’opposition demande le soutien de la communauté internationale
La cheffe de l’opposition vénézuélienne, interdite de présidentielle, a appelé vendredi la communauté internationale à l’aide.
La leader de l’opposition au Venezuela, Maria Corina Machado a appelé vendredi la communauté internationale à soutenir l’opposition dans sa tentative d’inscrire sa candidate à la présidentielle du 28 juillet qui verra le président Nicolas Maduro briguer un troisième mandat.
«J’appelle les dirigeants démocratiques du monde à se joindre aux efforts des présidents et des gouvernements pour exiger que le régime de (Nicolas) Maduro permette l’inscription de Corina Yoris», a déclaré Maria Corina Machado sur X.
Vainqueure de la primaire de l’opposition mais déclarée inéligible, Maria Corina Machado avait désigné pour la remplacer une novice en politique, Corina Yoris, universitaire de 80 ans. Mais celle-ci n’a pu être inscrite, sans que le Conseil national électoral (CNE) ne donne d’explication. Finalement, la candidature «provisoire» d’Edmundo Gonzalez Urrutia, un ancien ambassadeur et politologue, a été acceptée. Beaucoup soupçonnent le CNE d’avoir sciemment bloqué son enregistrement.
«Je remercie les présidents Emmanuel Macron, Luiz Inacio Lula et Gustavo Petro pour les positions qu’ils ont prises ces dernières heures et qui réaffirment que notre lutte est juste et démocratique», ajoute-t-elle.
«Grave»
Jeudi, lors d’une conférence de presse conjointe à Brasilia, le président français Emmanuel Macron et son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont durement critiqué cette exclusion. «Nous condamnons très fermement l’exclusion d’une candidate sérieuse et crédible de ce processus. Nous appelons à sa réintégration», a déclaré Emmanuel Macron, à l’issue d’une visite officielle de trois jours au Brésil.
Lula a pour sa part jugé «grave» que Corina Yoris n’ait pas pu s’inscrire au scrutin en tant que candidate d’opposition à Nicolas Maduro, au pouvoir depuis onze ans. «Il n’y a pas d’explication juridique ni politique au fait d’interdire à un adversaire d’être candidat», a estimé le président de gauche.
Le ministère colombien des Affaires étrangères avait exprimé mercredi sa «préoccupation concernant les événements récents liés à l’enregistrement de certaines candidatures», notant que cela «pourrait affecter la confiance de certains secteurs de la communauté internationale» dans les élections.
Les critiques ont fait écho jeudi à Washington. «Les États-Unis ne sont pas les seuls à être profondément inquiets, nos partenaires régionaux partagent cette inquiétude», a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État, appelant à des élections «libres et justes».
«Conséquences»
Matthew Miller a précisé que l’attitude du pouvoir vénézuélien aurait des «conséquences», allusion aux sanctions économiques levées provisoirement pendant six mois mais qui doivent reprendre en avril. Plus de 60 pays, dont les États-Unis, n’avaient pas reconnu la réélection de Nicolas Maduro en 2018, boycottée par l’opposition. Cette non-reconnaissance a débouché sur des sanctions économiques visant notamment le secteur pétrolier, et des manifestations sévèrement réprimées.
La Chine, allié traditionnel de Caracas, a soutenu vendredi le pouvoir vénézuélien: «Nous respectons l’indépendance nationale et souveraine du Venezuela, nous soutenons le Venezuela dans l’organisation des élections (...) et nous nous opposons à toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures du Venezuela», a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, lors d’une conférence de presse, appelant la communauté internationale à «jouer un rôle positif et constructif» Le président Maduro a lui estimé que Washington «menace d’enfoncer les clous des sanctions, du blocus, de l’agression économique».
Le président de l’Assemblée nationale Jorge Rodriguez, a quant à lui critiqué les déclarations de la Colombie, du Brésil et de la France. «Nous ne nous immisçons dans les affaires de personne. Mettez vos opinions là où elles conviennent», a déclaré Jorge Rodríguez sur X, en défendant le fait que 13 candidats sont inscrits pour l’élection présidentielle.
Parmi ces 13, neuf se présentent comme opposants mais sont considérés par l’opposition comme des taupes proches du pouvoir qui cherchent à diviser les suffrages lors du scrutin à un seul tour