Nucléaire  – La Chine appelle la Russie et les USA à réduire leurs arsenaux 

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NucléaireLa Chine appelle la Russie et les USA à réduire leurs arsenaux

Pékin, qui dispose de beaucoup moins d'armes nucléaires que Moscou et Washington, demande un effort aux deux super-puissances, tout en voulant moderniser son propre armement atomique.

Les États-Unis (ici le porte-avions USS Carl Vinson, photo d’archives) disposent de 5550 armes nucléaires et la Russie de 6255, contre 350 pour la Chine, selon un rapport.

Les États-Unis (ici le porte-avions USS Carl Vinson, photo d’archives) disposent de 5550 armes nucléaires et la Russie de 6255, contre 350 pour la Chine, selon un rapport.

AFP PHOTO / US NAVY / MC3 Brenton POYSER

Engagé avec les autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU à refuser toute «guerre nucléaire», Pékin a appelé mardi Washington et Moscou à réduire leurs arsenaux et déclaré qu’il continuerait à «moderniser» le sien. Dans une rare unanimité, les cinq puissances (États-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France, ou «P5»), ont déclaré lundi d’une seule voix qu’elles s’engageaient à prévenir la propagation des armes atomiques.

«Ingagnable»

Elles ont assuré qu’une «guerre nucléaire ne pouvait être gagnée et ne doit jamais être menée», martelant que ces armes «tant qu’elles existent, doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre.» Ce concept de guerre nucléaire ingagnable avait été évoqué en 1985 à Genève par les chefs d’État soviétique Mikhaïl Gorbatchev et américain Ronald Reagan. Il n’avait jamais été repris à son compte par le P5.

Avant la 10e conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP), prévue en janvier mais reportée à une date ultérieure pour cause de pandémie, les signataires ont également promis de renforcer leurs mesures pour «empêcher l’utilisation non autorisée ou non intentionnelle d’armes nucléaires.»

«Document historique»

«C’est effectivement un document historique», a salué mardi, devant la presse, Fu Cong, directeur général du service de contrôle des armements au ministère chinois des Affaires étrangères. Pékin rejette régulièrement les invitations de Washington à rejoindre des discussions américano-russes sur la réduction de leurs armes nucléaires, soulignant que les arsenaux des Américains et des Russes est bien plus important que le sien.

Milliers de têtes nucléaires

Selon les estimations de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les États-Unis disposent de 5550 armes nucléaires et la Russie de 6255, contre 350 pour la Chine. «Les États-Unis et la Russie possèdent encore 90% des têtes nucléaires de la planète. Ils doivent réduire leur arsenal nucléaire de manière irréversible et juridiquement contraignante», a estimé Fu Cong.

Course à la technologie

Des médias britanniques et américains ont publié ces derniers mois des informations selon lesquelles Pékin a atteint un haut niveau d’expertise dans les missiles dits «hypersoniques», à la trajectoire plus imprévisible et capables d’emporter des têtes nucléaires. La Chine aurait selon eux testé un nouveau missile hypersonique capable de lancer à son tour un projectile, une technologie dont ni les États-Unis ni la Russie ne disposeraient actuellement.

Arsenal modernisé

«La Chine a toujours adopté la politique de non-recours en premier aux armes nucléaires et nous maintenons nos capacités nucléaires au niveau minimal requis pour notre sécurité nationale», a souligné Fu Cong. «La Chine continuera à moderniser son arsenal nucléaire pour des questions de fiabilité et de sécurité. Les armes nucléaires vieillissent, également. Nous devons nous assurer que les nôtres sont à la page et peuvent servir de moyen de dissuasion.»

Armes à contrôler

En pleine négociation avec l’Iran, soupçonné de vouloir se doter de la bombe atomique, le P5 a souligné lundi son «objectif ultime» d’un monde «exempt d’armes nucléaires», selon un communiqué de la présidence française qui coordonne les travaux de ces pays. Lundi, Moscou s’était félicité d’une déclaration qui «contribuerait à réduire le niveau des tensions internationales».

L’engagement des cinq puissances intervient à une semaine d’une négociation russo-américaine à Genève sur les traités de contrôle de l’armement nucléaire et la situation à la frontière russo-ukrainienne. Les déclarations se sont multipliées récemment sur le caractère volatil de la géopolitique mondiale, entre tensions sino-américaines sur Taïwan et l’Indopacifique, bruits de bottes en Ukraine et crises multiples au Moyen-Orient.

Nucléaire iranien

Les déclarations du P5 interviennent aussi alors que des négociations ont repris à Vienne pour relancer l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien (JCPOA), devenu moribond après le retrait des États-Unis en 2018. Le P5 regroupe les cinq États juridiquement reconnus par le Traité sur la non-prolifération (TNP) comme «dotés de l’arme nucléaire». Trois autres pays considérés comme détenteurs – Inde, Pakistan et Israël – sont non-signataires. La Corée du Nord a pour sa part dénoncé le TNP. Entré en vigueur en 1970, afin d’empêcher la propagation des armes nucléaires, le traité compte 191 États parties.

(AFP)

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