Ski-crossFanny Smith: «On m’a volé les émotions qui vont avec la médaille»
Face au Léman, la skieuse vaudoise, privée du bronze aux JO de Pékin avant d’être réhabilitée, est revenue ce mardi, sur les événements de ces dernières semaines.
- par
- Nicolas Jacquier
On n’avait plus revu ni entendu Fanny Smith publiquement depuis le 17 février dernier. Ce jour-là, aux JO de Pékin, la Vaudoise, dépossédée de la médaille de bronze qu’elle avait obtenue sur la neige de Zhangjiakou, avait hurlé son dépit après sa disqualification. «Je suis dévastée», avait-elle lâché, avant de partir ruminer sa rancœur. Après avoir récupéré son bien neuf jours plus tard, suite à la décision de la Commission d’appel de la FIS d’accepter le recours déposé par la Fédération suisse, la skieuse s’était contentée d’un communiqué pour exprimer son immense soulagement.
Nouveau chapitre ce mardi matin, avec l’apparition d’une Fanny Smith radieuse dans un restaurant branché lausannois, à Ouchy. L’occasion pour elle de revenir sur ces dernières semaines mouvementées jusqu’à l’heureux épilogue. «J’étais sereine, heureuse d’être aux JO, lâche-t-elle en préambule. Vu la configuration du parcours, les dépassements étaient quasi impossibles. A l’arrivée, j’étais sur un petit nuage, sachant que je revenais de blessure. Décrocher une médaille dans ces circonstances représentait une victoire. (...) Au début, je n’ai pas tout de suite compris la signification du carton jaune. Quand j’en ai vraiment saisi les conséquences, ça a été un gros coup de massue, un cauchemar qui a commencé.»
Sur place, la Villardoue s’est retrouvée déstabilisée. «J’avais juste envie de m’échapper. Personne ne voulait accepter cette décision injuste et incompréhensible.» Rentrée en Suisse le 21 février, Fanny Smith allait se réfugier dès le lendemain en Sardaigne. «J’avais besoin de m’isoler, explique-t-elle. Je ne pensais pas que tout ce qui s’était passé était réel.»
Face au Léman, la Vaudoise a tenu à remercier tous ceux et celles qui se sont mobilisés pour défendre sa cause, évoquant «le formidable élan autour de cette mauvaise histoire.»
Si elle a obtenu gain de cause dans une affaire qui n’est pas définitivement close après le recours déposé par les Allemands, la skieuse vaudoise devra vivre avec les conséquences de cette volte-face et des circonstances qui l’y ont conduit. «J’ai été affectée et je le suis encore. Que ce soit au niveau du podium ou de la fête, on m’a volé les émotions qui vont avec la médaille. Personne ne pourra me les rendre parce que je n’ai pas pu la fêter en direct. En lieu et place, j’étais dans un cauchemar éveillé. Face à une telle injustice, j’ai même pensé mettre fin à ma carrière.»
En attendant de recevoir sa médaille – «Je ne l’ai pas encore entre les mains», précise-t-elle -, Fanny Smith savoure le moment présent. «L’injustice m’a poussée à vouloir récupérer ma médaille. Je pense que tout sortira quand je l’aurai enfin récupérée. Aujourd’hui, c’est un premier soulagement. La grande fête aura lieu quand j’aurai ma médaille autour du cou.»
Quelle leçon pense-t-elle tirer de cette (més)aventure? «Que lorsque l’on est dans son bon droit, il faut constamment se battre. Et cela dans n’importe quelle circonstance.»