Football: Comment le boss du FC Saint-Gall a repoussé ses ultras

Des scènes fortes, des images poignantes entre liesse, déception et tensions extrêmes. Dimanche à Berne, Lugano - Saint-Gall (4-1) a offert son lot d’émotions contrariées. Dans les rangs des vainqueurs, il y a eu les larmes de Mattia Croci-Torti, aperçu en pleurs peu avant le coup de sifflet final et longtemps après.

Durant de longues minutes, l’inconsolable coach tessinois, submergé par l’émotion, n’a pas cherché à masquer ce qu’il pouvait alors ressentir. Un grand moment de vérité, reflétant parfaitement la personnalité entière et la sincérité touchante du bonhomme.

Dans un autre genre, Matthias Hüppi devait lui aussi faire très fort. Alors qu’une horde d’ultras saint-gallois, encagoulés et prêts à en découdre avec les tifosis adverses manifestant leur joie, avaient déjà pénétré sur la pelouse du Wankdorf, le président du kybunpark n’a pas hésité à payer de sa personne afin de calmer la colère des assaillants.

Conscient que la situation était en train de dégénérer, on l’a vu prestement quitter la place VIP qu’il occupait en tribune pour descendre aussi vite sur le terrain afin d’aller «parlementer» avec les trublions, qu’il a fini par repousser.

Entouré par un service de sécurité dont on a pu craindre un instant qu’il ne soit débordé, l’homme fort des Brodeurs n’était certes pas seul, mais c’est lui qui, de par son énergique intervention, a sans doute évité que la cérémonie de remise de la Coupe ne tourne en baston général.

On lui doit en ce sens la meilleure action d’un FC Saint-Gall qui, victime d’une sorte de blocage mental après sa finale de 2021 perdue à huis clos, n’est jamais parvenu à se libérer. Tant on n’a jamais reconnu dimanche après-midi, face à la furia luganaise, l’équipe en forme de la deuxième partie du championnat.

Si elle a marqué les esprits et surtout permis une désescalade, l’intervention de l’ancien journaliste star de SRF (il l’avait été jusqu’en 2017)  restera un moment fort de cette 97e finale. Comment s’est-il senti face aux présumés fans lui faisant face? «Ce n’est pas drôle et on n’est pas à l’aise lorsque l’on se retrouve devant eux, devait convenir Matthias Hüppi au micro de son ancien employeur. Mais cela fait partie de mes tâches. Comme club, nous ne voulons pas de cela. Les forces de l’ordre étaient aussi présentes sur place pour m’assister.»

À 64 ans, Matthias Hüppi, habillé aux couleurs de son club, avait choisi d’effectuer le pèlerinage du Wankdorf parmi les milliers de supporters saint-gallois ayant entrepris le déplacement depuis la Suisse orientale. Après avoir voyagé en train en leur compagnie, le boss avait effectué la marche jusqu’au stade parmi eux. Il en a été bien mal récompensé quelques heures plus tard.

Mais chapeau, président! Contrairement à vos joueurs, vous ne vous êtes pas débiné…