États-UnisAssaut du Capitole: il avait dénoncé son père au FBI
Un jeune Texan est à l’origine de l’arrestation de son père, qui avait participé aux violences de Washington.
- par
- J.Z
La famille Reffitt, de Wylie, au Texas, est l’une des nombreuses familles américaines dont les émeutes du Capitole, en janvier 2021, ont changé le destin. Leur histoire a été largement exposée dans les médias américains, et les milieux politiques, de gauche comme de droite, s’en sont emparé afin de servir leur cause respective.
Vice News a pu s’entretenir avec ses membres, et notamment le jeune Jackson, 18 ans, qui avait dénoncé au FBI son père Guy, l’un des émeutiers du Capitole qui comparaîtra devant la justice le mois prochain.
«Protéger le pays»
Le 5 janvier 2021, Guy Reffitt avait pris la voiture de sa femme direction Washington, ville située à plus de 2000 kilomètres de là. Dans le véhicule, il embarque son fusil AR-15 ainsi qu’un pistolet, des armes avec lesquelles il se déplace toujours, assurera plus tard son épouse Nicole.
Le lendemain, vêtu d’un gilet pare-balles, d’un casque noir et d’une veste bleue, il est filmé à plusieurs reprises par les caméras des chaînes américaines dans les rangs des protestataires qui ont pris d’assaut le Capitole pour tenter de bloquer la certification de l’élection de Joe Biden. Il apparaît une première fois la main en l’air devant un policier, ce dernier aspergeant l’émeutier à l’aide d’une bombe lacrymogène. Une autre, on le voit se nettoyant les yeux avec une bouteille d’eau.
De cette journée de violence, Guy Reffitt envoie des photos dans le groupe de conversation familial. C’est à ce moment que son fils Jackson réalise à quoi a pris part son père.
Le 8 janvier, Guy Reffitt est de retour chez lui, dans le Texas. Il raconte alors à sa famille qu’il s’est rendu dans la capitale pour «protéger le pays» et qu’il a «pris d’assaut le Capitole», rapporte Vice News. «Si vous me dénoncez, vous êtes des traîtres, et vous savez ce qui arrive aux traîtres», aurait-il précisé à son fils Jackson et à sa fille Peyton, 16 ans.
Mais les autorités étaient déjà prévenues, depuis bien longtemps. En décembre déjà, Jackson avait pris contact avec le FBI, s’inquiétant de la récente radicalisation de son père qui participait, armé, à des événements auxquels «il n’aurait pas dû».
Pendant les émeutes, les enquêteurs, qui ont pu compter sur un large réseau d’informateurs, ont donc contacté le jeune homme pour savoir si Guy Reffitt se trouvait à Washington, ce qu’il a été en mesure de confirmer. Et le 16 janvier, des agents fédéraux ont débarqué à son domicile et ont placé le père de famille en détention provisoire.
Guy Reffitt est accusé d’avoir attaqué un agent de police au Capitole, d’y avoir amené une arme et d’avoir entravé le processus de certification de la victoire de Joe Biden. Lui sont également reprochées les menaces présumées à l’encontre de ses enfants. Il risque de nombreuses années de prison.
Depuis, Jackson a quitté le domicile familial et a rompu le contact avec ses proches. Il estime avoir fait le bon choix en dénonçant son père mais ressent tout de même un sentiment de culpabilité quant à sa radicalisation. «Honnêtement, ma culpabilité n’a fait qu’augmenter. J’ai l’impression que ma décision l’a poussé dans une direction encore plus extrême», confie-t-il à Vice News.
Le jeune homme a également reçu de nombreuses menaces, notamment de soutiens de son père, ce qui l’a poussé à vivre quelque temps à l’hôtel, sur conseil des autorités.
Quant au reste de la famille, elle se retrouve déchirée, devant tantôt défendre le père, tantôt le fils. La mère, Nicole, soutient toujours son mari dans sa décision de prendre part aux événements de Washington, mais ne met pas en cause non plus son fils pour l’avoir dénoncé.
Sarah et Peyton, les sœurs de Jackson, ne partagent quant à elles pas cette décision, mais estiment que leur père ne devrait pas passer plus de temps en prison et qu’il a déjà purgé sa peine. Mais tous les membres de la famille s’accordent à dire qu’ils surmonteront cette épreuve et qu’ils se réconcilieront une fois le procès bouclé.