­­­­­­­­France – «Jamais une poignée de milliardaires n’a eu une emprise aussi forte» sur la presse

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­­­­­­­­France«Jamais une poignée de milliardaires n’a eu une emprise aussi forte» sur la presse

Les magnats français de la presse sont convoqués, dès cette semaine, au Sénat, pour évoquer leur mainmise sur les médias du pays.

Vincent Bolloré, premier actionnaire de Canal+, sera entendu.

Vincent Bolloré, premier actionnaire de Canal+, sera entendu.

AFP

De grands industriels, dont Vincent Bolloré, sont convoqués à partir de cette semaine au Sénat. Les inquiétudes suscitées par leur mainmise sur la plupart des médias français se font de plus en plus grandes. «Jamais dans l’histoire de l’Hexagone une poignée de milliardaires n’a eu une emprise aussi forte sur les chaînes de télévision, radio, journaux et magazines et, ce en pleine campagne présidentielle», souligne l’historien des médias Alexis Lévrier, maître de conférences à l’Université de Reims.

Le plus emblématique d’entre eux, Vincent Bolloré, premier actionnaire de Canal+, de deux grands groupes d’édition, de nombreux journaux et de la radio Europe 1, sera auditionné mercredi. C’est sur sa chaîne d’information CNews, qu’Eric Zemmour a pris son envol pour devenir candidat à la présidentielle. «Bolloré n’a ni tenu compte des injonctions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), ni de la justice sur Zemmour. Là, il est rappelé à l’ordre par l’autorité parlementaire, il va devoir rendre des comptes», estime M. Lévrier.

Bernard Arnault, PDG de LVMH à la tête des quotidiens «Les Échos», «Le Parisien» et de Radio Classique sera auditionné jeudi. Patrick Drahi, patron du groupe télécom Altice (BFMTV, RMC), doit être entendu le 2 février et le roi du BTP Martin Bouygues est attendu pour le 9 février, pour ne citer que trois des plus puissants patrons auditionnés. Le Sénat compte remettre fin mars son rapport pour faire la lumière sur les conséquences économiques et démocratiques d’une telle concentration.

Menace des Gafa

Reste à savoir ce que le président ou la présidente sorti(e) des urnes en fera. Beaucoup jugent en effet obsolète la loi de 1986 relative à la liberté de communication. Ainsi, dans une tribune du «Monde» publiée à la mi-décembre, plus de 250 journalistes et professionnels des médias ont appelé les candidats à la présidentielle à prendre des engagements pour s’opposer au «fléau» de l’hyperconcentration dans les médias.

La montée en puissance de mastodontes internationaux, comme les plateformes américaines Netflix et Amazon Prime Video, a toutefois bouleversé les équilibres du paysage audiovisuel français. Et certains ne voient d’autre salut que dans le regroupement des chaînes. C’est d’ailleurs l’un des arguments avancés pour la fusion TF1-M6, en cours d’examen par l’Arcom et l’Autorité de la concurrence.

La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, estimait elle aussi la semaine dernière sur France Inter que, pour lutter «contre l’hégémonie des médias mondiaux américains aujourd’hui et peut-être demain asiatiques (…), on a besoin de médias privés et publics forts». Mais elle précisait: «j’ai toujours mis à mon soutien affiché à la fusion TF1/M6 une condition (…) c’est d’avoir un service public fort».

(AFP)

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