Océan AtlantiqueNaufrage d’un bateau espagnol: le Canada stoppe les recherches
Les recherches pour retrouver les victimes du naufrage d’un chalutier espagnol au large du Canada ont pris fin mercredi soir. Bilan: neuf morts, douze disparus vraisemblablement décédés et trois survivants.
Le «Villa de Pitanxo», un chalutier de 50 mètres de long ayant pour attache le petit port de Marín, en Galice, dans le nord-ouest de l’Espagne, a sombré mardi matin à 450 kilomètres des côtes de Terre-Neuve, dans les eaux glacées de l’Atlantique. 24 marins étaient à bord.
«Malheureusement, à 16 h 00 (21 h 00 suisses), après une recherche exhaustive pendant plus de 36 heures, la recherche des 12 pêcheurs disparus a été suspendue», a indiqué à l’AFP Brian Owens, porte-parole canadien du centre de coordination et de sauvetage.
Seuls trois marins souffrant d’hypothermie ont été secourus mardi par un bateau de pêche espagnol et ont été évacués par hélicoptère. Neuf marins, et non dix comme initialement annoncé par les secours, ont été retrouvés morts. Les secours ont couvert une zone d’environ 1700 kilomètres carrés «mais cela n’a rien donné», a ajouté Brian Owens.
Le Canada avait mobilisé un avion, un hélicoptère et plusieurs bateaux qui ont dû faire face, dans la nuit de mardi à mercredi, à des «vagues de dix mètres» et à des vents très forts, a précisé le porte-parole.
Pire tragédie depuis 1984
Cet accident est «la plus grande tragédie depuis 38 ans» pour le secteur de la pêche espagnole, a souligné le ministre espagnol de l’Agriculture et de la Pêche, Luis Planas, en référence au naufrage du chalutier «Islamar III», qui avait fait 26 morts au large de l’archipel espagnol des Canaries en août 1984.
Selon Luis Planas, huit navires étaient mobilisés dans la zone du naufrage pour tenter de retrouver les disparus. Parmi eux figuraient des navires appartenant aux «autorités canadiennes» aidés par «des bateaux de pêche espagnols et portugais», a-t-il précisé.
À Madrid, les députés espagnols ont observé une minute de silence dans l’hémicycle. «L’Espagne se réveille sous le choc ce matin», a insisté la présidente du Parlement, la socialiste Meritxell Batet.
«Une fois de plus, les gens de la mer sont frappés de plein fouet» par une tragédie, a affirmé Alberto Núñez Feijóo, président de la région de Galice, qui a décrété trois jours de deuil en Galice.
«On veut juste savoir»
Pour les proches des marins, le manque d’informations devenait insupportable. Dans la ville de Marin, en Galice, deuxième région au monde pour la production de conserves de poisson et de crustacés, les journalistes se pressaient devant les grilles de l’armateur Nores, propriétaire du bateau. Sur l’avenue longeant le port de Marin, une enseigne lumineuse municipale affichait son «Soutien au Villa de Pitanxo», avec le dessin de la silhouette du bateau. Une minute de silence était prévue à 20 h 00 (heure espagnole) devant la mairie de la ville portuaire en hommage aux victimes du drame.
«On veut juste savoir s’il est vivant ou mort. Donnez-nous les noms», a imploré Carlos Ordóñez, en assurant auprès du quotidien galicien La Voz de Galicia être toujours dans l’attente de nouvelles de son neveu William Arévalo. «On sait ce qui se passe quand on tombe dans des eaux comme celles de Terre-Neuve. La survie n’est qu’une question de minutes», a-t-il déploré.
«Je suis dévastée (…) j’ai quatre enfants (…) qui me demandent quand Papa reviendra», a dit, en sanglots, à la presse, Luzmar, épouse d’Edwin Cordoba, l’un des membres péruviens de l’équipage porté disparu.
Le capitaine du bateau Juan Padín Costa et son neveu Eduardo Rial Padin font en revanche partie des trois survivants, a indiqué la mère de ce dernier à la télévision publique. «Je suis soulagée car il est vivant mais si triste car on ne peut pas dire la même chose pour tant de ses collègues», a déclaré Gloria Padin Costas. D’après les autorités espagnoles, l’équipage était composé de seize Espagnols, cinq Péruviens et trois Ghanéens.