AsileBerne maintient le statut de protection S pour les réfugiés ukrainiens
Face à la guerre qui n’est pas près de se terminer, le Conseil fédéral a décidé de prolonger le statut dont bénéficient les réfugiés en provenance d’Ukraine.
- par
- Christine Talos
«Le statut de protection S dont bénéficient les réfugiés ukrainiens sera maintenu aussi longtemps que le Conseil fédéral décidera de ne pas le lever. Et il ne sera pas levé avant le 4 mars 2024», a annoncé mercredi, la ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter. Ceci à moins que la situation sur place ne change radicalement, a-t-elle précisé.
En effet, le gouvernement espère une stabilisation durable de la situation sur place d’ici là. Mais «KKS» ne se fait guère d’illusions: il y a toujours des bombardements et des attaques de drones, a-t-elle relevé, et ce sont les infrastructures énergétiques qui sont visées. «Quatre millions de personnes sont privées d’électricité», a-t-elle rappelé. En outre un tiers de la population a été déplacé et sept millions d’Ukrainiens se trouvent désormais en Europe de l’Ouest.
Pour rappel, le statut S avait été activé le 12 mars dernier, peu après le début de la guerre en Ukraine. Mais il n’est valable qu’une année. Raison pour laquelle le Conseil fédéral demande aux cantons de prolonger d’un an, la durée de validité des permis arrivés à expiration, a expliqué la ministre de la Justice. Le maintien du statut S offrira «de la clarté aux cantons, aux communes et aux employeurs», selon elle. Et de souligner que l’UE va elle aussi prolonger la protection provisoire des réfugiés.
Mesures de soutien prolongées
67’000 personnes ont un statut S
Karin Keller-Sutter l’a annoncé: 67’000 réfugiés ont obtenu jusqu’ici ce statut de protection en Suisse. En outre 14% des réfugiés ukrainiens travaillent, un chiffre faible mais «pas si mal» si on le compare aux chiffres de l’UE, a-t-elle souligné. Elle a rappelé notamment le barrage de la langue et estimé que c’était aussi à l’économie privée de former les réfugiés pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
La ministre de la Justice refuse de parler de crise: «Une crise c’est quand on ne maîtrise pas la situation», dit-elle. Mais elle reconnaît que la situation est difficile car en plus des Ukrainiens, il faut gérer les autres demandeurs d’asile. «Le plus gros défi n’est pas l’hébergement, c’est de trouver et d’embaucher du personnel, car on entre en concurrence avec le privé, notamment en ce qui concerne les enseignants, les psychologues, etc.».
Préparatifs pour le retour au pays
Quant aux retours, le Conseil fédéral s’y prépare. Berne élabore ainsi avec les cantons et les communes, les bases pour lever rapidement le statut S dès que la situation en Ukraine le permettra. «Les intéressés seront alors encouragés à rentrer rapidement au pays par des incitations ciblées». Karin Keller-Sutter a évoqué une somme unique de 500 francs par personne. Par ailleurs 6394 Ukrainiens avaient définitivement quitté la Suisse à fin octobre, dont 1916 avec une aide au retour, selon elle.