Rapt d’enfantAffaire Camille: la vidéo qui accable son père
La «petite Camille», 17 ans, a témoigné dans une vidéo poignante au procès en appel de sa mère à Aix-en-Provence (F) en novembre. Verdict ce mercredi.
- par
- Evelyne Emeri
L’adolescente française de 17 ans a vécu en cavale durant onze ans avec sa mère retrouvée au hasard d’un contrôle de police près de Morges en février 2022, à des kilomètres du département du Var où la famille a vécu avant la séparation conflictuelle du couple. Condamnée plusieurs fois à 6 ans ferme (ndlr. puis à 5 ans, le premier jugement étant prescrit) y compris par défaut, la maman de Camille est incarcérée à la prison des Baumettes à Marseille (F) depuis son extradition début août 2022. Ce mercredi après-midi, elle saura si elle est acquittée ou si elle devra purger une peine ferme. Pour sa part, la jeune fille a porté plainte contre son père l’automne passé pour violences psychologiques, physiques et sexuelles.
Une vidéo accablante
Lors de l’audience d’appel de novembre dernier à Aix-en-Provence (F), la jeune française n’est pas venue à la barre. Elle vit en Suisse et compte bien y rester. Elle a dès lors témoigné par vidéo interposée. Son visage a été
précautionneusement coupé à l’image. On voit son sweat beige clair, ses pantalons noirs et ses mains, qui se crispent régulièrement au cours de son récit. Ce support, soumis par les avocats de la mère de Camille, avait été refusé en première instance. Les deuxièmes juges ont en revanche accepté sa diffusion. Ses affirmations, bien que filmées, pourraient bien faire basculer l’affaire. Les heures qui viennent le diront.
Cette vidéo a visiblement fuité et a été rendue publique le 30 décembre dernier. Les allégations de l’adolescente chargent fortement son père. Ce dernier avait fait l’objet d’une plainte pour viol de son ex-épouse qui a été classée par la justice française. C’est dans ce contexte que la mère et la fille prennent la fuite et s’évanouissent littéralement dans la nature. «Notre départ a été le plus beau jour de ma vie. Je savais que je ne subirai plus les tortures infligées par mon père qui m’a tant fait souffrir. Je me souviens particulièrement d’avoir dit (ndlr. à sa grand-mère et à sa mère): «Il a mis son zizi dans le trou de mes fesses». J’étais heureuse de pouvoir être entendue sans être jugée».
«Ne parle à personne»
Plus loin: «Mon père me disait toujours: «Ne parle à personne sinon tu vas voir ce qu’il va arriver à ta mère». J’affirme que mon père agissait de façon négligente avec moi. Il ne me nourrissait pas ou que de temps en temps. Il lui arrivait très souvent de se mettre en colère contre moi pour des choses dont je n’étais pas fautive et de m’enfermer dans une pièce sans lumière plusieurs heures jusqu’à ce que je m’endorme par terre. Quand nous sommes parties, je me suis sentie libérée de la menace qu’il (son père) représentait pour moi. J’avais ma mère à mes côtés, c’est tout ce qui comptait. La justice française n’a pas effectué son travail et n’a pas été juste».
«Je n’ai jamais été contrainte à suivre ma mère de force. Si j’avais voulu retourner vivre chez lui, j’aurais pu le faire depuis longtemps. Je n’en ai plus jamais eu envie car il est une crainte pour moi. Que l’on accuse ma mère d’être une menteuse est incompréhensible. Tout ce que j’ai dit il y a onze ans est véridique, je me vois encore parler des maltraitances. J’espère fortement qu’elle va être reconnue innocente et qu’elle va être libérée. Elle est mon pilier et je souhaite pouvoir vivre avec elle ici en Suisse et retrouver un mode de vie normal», conclut la jeune fille.