Nagorny Karabakh : Près de la moitié de la population réfugiée en Arménie 

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Nagorny KarabakhPrès de la moitié de la population réfugiée en Arménie

Près de la moitié de la population du Nagorny Karabakh a fui la région du Caucase, depuis l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan, la semaine dernière. 

Un flot incessant: près de la moitié de la population du Nagorny Karabakh a fui la région du Caucase, depuis l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan, la semaine dernière, qui a brutalement mis fin aux rêves d’indépendance des séparatistes arméniens. Ils sont désormais 50’243 à s’être réfugiés en Arménie, selon de nouveaux chiffres communiqués mercredi par Erevan, à la suite de l’opération militaire qui a fait plus de 400 morts dans les deux camps.

Pour ajouter aux tourments de l’enclave, plus de 100 personnes sont toujours portées disparues après l’explosion d’un dépôt de carburant pris d’assaut par les habitants, lundi soir en plein exode. Le drame a fait 68 morts et 290 blessés. L’Azerbaïdjan avait ouvert la veille la seule route reliant le Nagorny Karabakh à l’Arménie, quatre jours après la capitulation des séparatistes et un accord de cessez-le-feu qui place sous le contrôle de Bakou, la région d’environ 120’000 habitants, essentiellement peuplée d’Arméniens.

Les autorités se sont engagées à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes de partir. Elles ont cependant arrêté, mercredi, l’homme d’affaires Ruben Vardanyan, qui a dirigé le gouvernement séparatiste de l’enclave de novembre 2022 à février 2023, alors qu’il tentait de rejoindre l’Arménie.

Crise humanitaire

De l’autre côté de la frontière, c’est le chaos qui règne. Première étape pour la plupart, la ville de Goris est méconnaissable. Des centaines de voitures encombrent les rues dans le plus grand chaos, sous les yeux de policiers impuissants à les orienter. Des hélicoptères survolent la zone. Nombre de réfugiés, affamés, ont passé la nuit dans leurs véhicules dont ils émergent les yeux rougis de fatigue, beaucoup disant n’avoir aucun endroit où dormir ni lieu où aller en Arménie.

Alekhan Hambardzyumyan, 72 ans, a dormi dans son fourgon utilitaire. Il montre les traces d’impact d’obus sur la carrosserie. Le retraité, dents en or et veste délavée, a échappé de peu à un bombardement en allant chercher son frère, blessé sur le front le 20 septembre. Son fils a péri dans les derniers combats qui ont fait 213 morts du côté des séparatistes arméniens. Bakou a indiqué pour sa part avoir perdu 192 de ses soldats et un civil dans l’opération militaire. «Je veux aller à Erevan mais je ne sais pas ce que l’État est en mesure de me proposer», explique-t-il à l’AFP.

De nombreux réfugiés sont arrivés dans la ville arménienne de Goris, (photo du 27 septembre 2023).

De nombreux réfugiés sont arrivés dans la ville arménienne de Goris, (photo du 27 septembre 2023). 

AFP

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s’était dit prêt à accueillir 40’000 réfugiés dans le pays de 2,9 millions d’habitants. Mais le gouvernement n’a pu loger pour l’heure que 2850 personnes, ce qui laisse présager d’une crise humanitaire. «L’Arménie manque de ressources pour gérer la crise des réfugiés et ne pourra pas y arriver sans une aide de l’étranger», estime l’analyste politique Boris Navasardyan, interrogé par l’AFP. Selon lui, cette situation «va avoir de sérieuses répercussions sur la scène politique» sur fond de «mécontentement généralisé».

La capitale Erevan a été secouée ces derniers jours par une série de manifestations contre un Premier ministre accusé de passivité face à l’Azerbaïdjan. Nikol Pachinian doit aussi composer avec la Russie, qui dispose d’une importante base militaire en Arménie et voit le Caucase comme son pré carré même si son influence s’est réduite depuis le lancement de l’offensive en Ukraine.

Le dirigeant arménien a d’ailleurs implicitement reproché à Moscou son manque de soutien, en qualifiant d’«inefficaces» les alliances actuelles de son pays, notamment avec la Russie, ce que le Kremlin a contesté.

«J’ai décidé d’agir»

Sur le terrain, la société civile s’organise sans attendre l’État. La petite ville de Goris n’en est pas à son premier exode: elle a déjà accueilli des réfugiés pendant les précédentes guerres du Nagorny Karabakh opposant les deux anciennes républiques soviétiques, l’Arménie à majorité chrétienne, et l’Azerbaïdjan à majorité musulmane.

Devant sa maison, Liana Sakhakyan a installé une table et des gâteaux. «L’important n’est pas seulement la nourriture: c’est l’accueil, une atmosphère chaleureuse», confie-t-elle. «Quand j’ai vu tant de gens arriver hier, j’ai décidé d’agir.» 

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(AFP)

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