TensionsLa Serbie accuse le Kosovo de «crime contre l’humanité» à l’ONU
Le président serbe Aleksandar Vucic a critiqué à l’ONU la décision du Kosovo de vouloir interdire les transactions en dinars serbes.
Le président serbe Aleksandar Vucic a accusé jeudi devant le Conseil de sécurité de l’ONU le Kosovo de «crime contre l’humanité» pour vouloir interdire les transactions en dinars serbes, une décision que le premier ministre kosovar a défendue.
L’interdiction du dinar «n’est qu’un nouvel élément dans une série de persécutions et d’attaques systématiques et généralisées contre la population serbe. En un mot, un crime contre l’humanité», a-t-il lancé.
Belgrade accuse notamment le Kosovo de vouloir priver les Serbes du Kosovo de leurs salaires et retraites, payées par la Serbie en dinars depuis des années, le plus souvent en liquide.
«Persécution des Serbes»
«Le but ultime (…) est de créer des conditions de vie insoutenables et d’expulser les Serbes du territoire», a ajouté Aleksandar Vucic, accusant le premier ministre du Kosovo Albin Kurti d’être «au premier rang de la persécution des Serbes».
«L’idée que le Kosovo mène une campagne de nettoyage ethnique ou de persécution contre la communauté serbe est un mensonge», a répondu ce dernier. Pristina et Belgrade sont engagées depuis 2011 dans un dialogue sous l’égide de l’Union européenne qui vise à normaliser leurs relations.
Mais, en plus de dix ans, les tensions ont été plus nombreuses que les avancées – même si des accords ont été trouvés, comme sur les plaques d’immatriculation ou les échanges commerciaux.
Le dernier accroc est venu de la décision du Kosovo de bannir officiellement tout échange commercial en dinars serbes, ce qui se faisait jusqu’à présent dans les villes du nord du Kosovo où la population est majoritairement serbe. Face aux critiques, une période de transition a été décidée jusqu’à fin février.
«Cela doit cesser»
Pristina justifie la nouvelle réglementation par la lutte contre les transactions de dinars en liquide. «Cela doit cesser. Belgrade ne doit pas permettre sans fin le financement de criminels et de terroristes au Kosovo avec des flux d’argent non déclarés et non régulés entrant librement et illégalement dans notre pays», a déclaré Albin Kurti.
La Serbie n’a jamais reconnu l’indépendance du Kosovo, une ancienne province, déclarée en 2008. Appelant la Serbie et le Kosovo à «s’abstenir d’actions non coordonnées ou d’escalade», l’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield a souligné que Washington avait exprimé ses inquiétudes concernant la décision sur le dinar.
Elle a appelé au «report» de la mise en œuvre des nouvelles règles «jusqu’à ce que des procédures satisfaisantes» soient en place et que les populations touchées soient «suffisamment informées».