«Jérusalem est une ville fantôme»

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Conflit israélo-palestinien«Jérusalem est une ville fantôme»

Au troisième jour de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste du Hamas, la vie semble s’être arrêtée dans la ville sainte. 

On pourrait croire au décor d’un tournage de cinéma déserté par ses acteurs: à Jérusalem, ville de plus de 900’000 habitants, la vie semble s’être arrêtée au troisième jour de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste du Hamas. Les aires de jeux, les grandes artères commerçantes, et mêmes les portes de la Vieille Ville voient davantage de corneilles et de chats des rues que de passants.

«Jérusalem est une ville fantôme», résume Mary Bahba, une quadragénaire palestinienne visiblement très inquiète de la suite des événements. «Les gens ont peur, ils doivent aller travailler, mais ils craignent d’être maltraités dans les rues israéliennes à cause de la guerre», raconte-t-elle, faisant allusion aux vidéos non authentifiées de Palestiniens malmenés par des forces de l’ordre israéliennes qui circulent sur les réseaux sociaux.

Très peu de commerces ouverts

Mary est sortie pour faire ses courses, mais très peu de commerces sont ouverts au marché Khan Al-Zait, dans la partie orientale, occupée et annexée par Israël, habituellement bouillonnant. Et sur les rares étals accessibles, les légumes semblent défraichis.

Hazem, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, affirme à l’AFP avoir été frappé par des policiers. «Ils m’ont demandé de sortir de la voiture, l’ont fouillée et ont trouvé un testeur électrique que j’utilise pour vérifier le courant, l’un d’entre eux m’a giflé violemment; lorsqu’ils ont voulu m’attaquer, un officier arabe les a arrêtés», raconte, exaspéré, ce Palestinien de 42 ans, venu du quartier excentré de Silwan pour se ravitailler.

«Il n’y avait personne dans les rues, mais c’est normal, c’est la guerre!»

«Il n’y avait personne dans les rues, mais c’est normal, c’est la guerre!» souffle cette retraitée. Parmi ses proches, «les gens ont peur, surtout ceux qui ont un membre de leur famille dans l’armée», et ceux qui ont des enfants «ne sortent pas pour rester près d’un abri.»

Depuis l’attaque du Hamas déclenchée samedi à partir de la bande de Gaza sur le sud du pays, Israël a rappelé 300’000 réservistes, selon l’armée.

L’ambiance dans la ville rappelle à Sara «celle de 1973», lors de la guerre israélo-arabe qui reste un traumatisme national pour le pays.

Écoles fermées depuis dimanche

À First station, zone commerciale où des dizaines de restaurants, commerces et jeux pour enfants étaient encore en pleine effervescence il y a quelques jours pendant les fêtes juives de Souccot, les manèges sont à l’arrêt et des panonceaux «fermé» ornent l’immense majorité des vitrines.

Les écoles sont elles aussi fermées depuis dimanche, premier jour de la semaine scolaire israélienne, et même les toboggans des aires de jeux voisines sont vides. La bruine et de fortes bourrasques de vent ont dû dissuader les derniers à hésiter.

«On a l’impression de crever de l’intérieur», lâche Itamar Taragan, le gérant de First station. «On a du mal à respirer, on regarde la télévision, on voit les images des personnes enlevées, on est sous le choc», raconte cet homme à propos des dizaines d’otages enlevés par les infiltrés palestiniens en Israël. «On ne va pas rouvrir demain, ni après-demain», prédit-il: «On va gagner cette guerre, mais c’est très grave ce qu’il se passe».

Touristes soucieux

Outre les résidents de Jérusalem, les touristes restent présents dans la ville mais moins visibles qu’à l’accoutumée. Plusieurs d’entre eux s’inquiètent de ne pas pouvoir quitter le pays par les airs. Un cigare aux lèvres, Jason Lyons, un Américain de 54 ans, se tient devant l’hôtel cinq étoiles King David où il séjourne pour quelques semaines. «C’est très démoralisant», juge-t-il, en expliquant n’observer que des passants à l’air soucieux. 

(AFP)

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