FranceNouvelle mobilisation contre la réforme des retraites
Mardi, la France va connaître une nouvelle journée de manifestations contre la réforme des retraites.
La France observait mardi une nouvelle journée de forte mobilisation, de grèves et de manifestations contre une réforme des retraites voulue par le président Macron, débattue cette semaine à l’Assemblée nationale. Deux premières journées de manifestations les 19 et 31 janvier avaient réuni chaque fois plus d’un million de protestataires selon la police, plus de deux millions selon les organisateurs, contre ce projet impopulaire dont la mesure phare est un recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Les transports étaient à nouveau perturbés, avec un train à grande vitesse sur deux en moyenne, selon la compagnie nationale, et des métros et trains de banlieue en trafic réduit, selon la régie de transports de la capitale. «C’est la 3e fois en quelques jours donc on commence à savoir quoi faire», glisse Sydsa Diallo, 36 ans, au milieu d’une foule dans une gare de la banlieue parisienne, en précisant avoir ajouté 1h30 à son temps de trajet pour aller à son travail.
Retards «à prévoir»
Dans les airs, des perturbations et des retards sont «à prévoir», avait averti l’organisme supervisant en France le transport aérien tandis que des grévistes, dans le secteur de l’électricité ont procédé à des baisses de production de près de 4500 MW, l’équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires, sans toutefois provoquer de coupures, selon le syndicat CGT et l’entreprise Électricité de France.
La mobilisation dans l’éducation devait pâtir de vacances scolaires dans lesquelles se trouve une partie de la France. «On compte sur le fait qu’il y ait des mobilisations pour que les élus de la République prennent en compte l’avis des citoyens», a déclaré sur la télévision publique le patron de la CGT, Philippe Martinez.
Les syndicats prévoient une nouvelle journée de manifestations samedi, testant à chaque étape leur puissance et le soutien de l’opinion publique. Pour ne pas se l’aliéner, ils devraient par exemple ne pas organiser de perturbations dans les transports pour permettre aux gens de venir manifester pendant un week-end et ne pas entraver les départs ou retours de vacances.
«Ego surdimensionné»
À l’Assemblée nationale, où le gouvernement ne dispose pas d’une majorité absolue, le débat sur le projet de réforme des retraites a débuté lundi, dans le chaos, les opposants au texte prévoyant un combat d’obstruction parlementaire.
C’est «une réforme d’équité et de progrès qui répartit l’effort de manière juste», a affirmé le ministre du Travail Olivier Dussopt, un ancien socialiste rallié à la majorité autour d’Emmanuel Macron, traité de «vendu» par les formations de gauche. «C’est la réforme ou la faillite» du système de retraites, a de son côté lancé le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, appelant les opposants au projet à choisir entre «intérêt général» et «intérêt électoral».
Concession de dernière minute
Dans une concession de dernière minute, Elisabeth Borne a annoncé dimanche que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans. Une proposition qualifiée de «rustine» par Laurent Berger, le patron du syndicat CFDT.
La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et à un vieillissement de la population. Il défend son projet en le disant «porteur de progrès social», notamment via une revalorisation des petites retraites.