Thaïlande: Le vainqueur des élections au coeur d’un nouveau coup de théâtre

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ThaïlandeLe vainqueur des élections au cœur d’un nouveau coup de théâtre

Après avoir remporté les législatives, Pita Limjaroenrat a vu son mandat de député suspendu avant un vote crucial sur sa nomination comme Premier ministre.

Pita Limjaroenrat avait créé la surprise en mai dernier lors des élections législatives.

Pita Limjaroenrat avait créé la surprise en mai dernier lors des élections législatives.

REUTERS

La Cour constitutionnelle thaïlandaise a suspendu mercredi de son mandat de député, Pita Limjaroenrat, le jour même où le Parlement devait se prononcer sur sa nomination comme Premier ministre. Il s’agit d’un nouveau coup de théâtre dans un royaume pris dans l’engrenage de crises politiques à répétition depuis plus de vingt ans, entre les généraux au pouvoir et des jeunes générations avides de changement.

La Cour constitutionnelle a suspendu Pita Limjaroenrat de ses fonctions de parlementaire, alors que l’intéressé assistait dans l’hémicycle aux débats sur sa deuxième candidature pour devenir chef du gouvernement. Les juges ont suivi les recommandations de la commission électorale, qui accuse le chef de file du parti Move Forward de posséder des actions dans une chaîne de télévision au moment de la campagne électorale, ce qui est interdit par la loi thaïlandaise.

Pita s’est défendu de toute manœuvre illégale, et a rappelé que le média en question, iTV, n’émettait plus depuis 2007. Il risque un bannissement de la vie politique durant vingt ans. Cette annonce fait craindre de nouvelles protestations d’ampleur, dans un royaume où interventions de l’armée et décisions de justice ont souvent perturbé le cours de la démocratie, à l’avantage des élites conservatrices royalistes.

Chances minimes

Plébiscité pour son programme de rupture, qui fait écho aux manifestations pro démocratie de 2020, Pita incarne à 42 ans le renouveau souhaité par les Thaïlandais, après une quasi-décennie de domination par les militaires depuis le coup d’État de 2014. Mais le champion de l’alternance, soutenu par une coalition majoritaire à l’Assemblée nationale, se heurte aux blocages des sénateurs nommés par l’armée qui lui reprochent un programme jugé trop radical, vis-à-vis de la monarchie.

Bien que suspendu comme député, Pita peut toujours se présenter pour devenir Premier ministre, car la loi thaïlandaise permet à des personnalités extérieures à l’hémicycle, nommées par un parti, d’être chef de gouvernement. Mais ses chances de convaincre suffisamment de membres de la Chambre haute sont minimes. Certains sénateurs, échaudés par son projet de réformer la loi sur le lèse-majesté, pensent même que Pita ne devrait pas être autorisé à se présenter, en vertu du règlement qui interdit au Parlement de discuter deux fois de la même motion lors d’une session.

Risque de contestations

Pour le moment, le député Move Forward, coqueluche des nouvelles générations, est le seul candidat déclaré pour devenir Premier ministre. «Si vous votez en accord avec la voix du peuple, qu’importe le résultat, votre nom sera gravé dans ce royaume avec beaucoup d’honneur et de fierté», a-t-il lancé à destination des sénateurs, sur Twitter. En cas de deuxième défaite, il a promis samedi qu’il se retirerait au profit du parti Pheu Thai, deuxième force dans l’hémicycle et membre de la coalition pro démocratie.

En plus de l’affaire liée aux actions iTV, Pita et Move Forward sont accusés de vouloir renverser la monarchie. Leur projet de réformer la loi controversée sur la lèse-majesté, l’une des plus sévères au monde de ce type, a provoqué de vives réactions du camp conservateur, qui les accuse de saper les valeurs traditionnelles du royaume.

«Je n’aurai sans doute pas assez de soutiens»

Pita Limjaroenrat a jugé, mercredi, peu probable d’être désigné Premier ministre. «Je n’aurai sans doute pas assez de soutiens pour être nommé Premier ministre», a déclaré le chef de file du parti Move Forward, estimant «évident que le vote du peuple n’est pas suffisant pour gouverner le pays», dans un message publié sur son compte Instagram.

(AFP)

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