Présidentielle française: «On voulait montrer qu’il n’y a pas que des lepénistes»

Nous sommes à Hénin-Beaumont, dimanche soir 24 avril, quelques secondes avant l’annonce du résultat du deuxième tour. Quelqu’un filme les personnes présentes dans une salle de la mairie de ce fief du Rassemblement national de Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais. Lorsque le résultat tombe, deux femmes au premier plan éructent leur colère: «Ordures», «Bande d’enculés», «Cinq ans de merde encore», «C’est truqué»… Les deux citoyennes ont clairement la rage. D’autres autour sont également déçus, mais d’une manière moins démonstrative.

La vidéo a connu un succès viral durant toute la journée en France, suscitant d’abord des sarcasmes envers ces femmes. Cependant, en regardant attentivement, on remarque sur leur droite deux jeunes hommes qui se regardent et se «checkent» avec les points, visiblement satisfaits de la tournure des événements.

Identifiés, les deux hommes ont témoigné au journal «La Voix du Nord». Ils expliquent qu’ils sont venus là, mais que ce n’était pas prémédité: «Je suis plutôt ancré à gauche, dit l’un, avec des convictions antifascistes. On voulait montrer qu’à Hénin, il n’y a pas que des lepénistes. Mais la réaction des gens je la comprends. Je comprends cette haine contre le système. Ce sont des gens que la droite a déçus, que la gauche a déçus. Ce sont des gens valeureux, des travailleurs»

Selon le même homme, les électeurs du Rassemblement national sont «victimes de la démagogie et du populisme». «Le RN a voulu se dédiaboliser, dit-il, et à Hénin ça a très bien fonctionné. Les gens qui votent pour eux ne sont pas tous des racistes ou des fascistes, ce sont des personnes déçues. Sans les mépriser, en discutant, il y a moyen de les reconquérir», espère-t-il dans le journal, tout en précisant bien qu’il n’est «pas macroniste, mais antifa».