CommentaireFuites Covid: le Conseil fédéral fait bloc derrière Alain Berset
Était-il au courant des indiscrétions régulières chez Ringier? Alain Berset a dit non à ses collègues. Doit-on le croire ou non? La saga continue…
- par
- Eric Felley
Que penser de la prestation d’Alain Berset ce mercredi lors de sa conférence de presse? Ce n’était pas la sienne à vrai dire, mais celle du Conseil fédéral, qui s’est félicité d’une «confiance rétablie» et entend continuer son travail dans un bon état d’esprit. Ceux qui auraient espéré une sorte de sanction par ses pairs en sont pour leurs frais. Comme sur sa photo 2023, le Gouvernement n’entend pas commencer l’année avec une brouille au sujet des fuites intervenues au Département fédéral de l’intérieur lors de la période du Covid-19.
Il ne savait pas
Au sujet de ces fuites, ceux qui ruminent la question «Savait-il ou ne savait-il pas?» ont eu une réponse. Alain Berset ne savait pas, que son collaborateur personnel fuitait les futures décisions Covid-19 du côté de Ringier et de «Blick» à la veille des annonces du Conseil fédéral. Toutefois, la question se reporte automatiquement dans une autre: doit-on le croire ou non?
Pour ses adversaires acharnés, en particulier à l’UDC qui réclame sa démission depuis trois ans, c’est certainement non. Mais l’UDC ne fait pas la loi à Berne. Le Conseil fédéral a décidé ce mercredi de faire bloc autour de son collègue président. Celui-ci a promis de donner des informations circonstanciées au groupe de travail des Commissions de gestion du Parlement. Et ici, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il soit sanctionné ad personam à la suite de cet examen parlementaire, qui a décidé d’étendre ses investigations à l’ensemble du Conseil fédéral.
Rien n’est simple
Il reste également les enquêtes lancées par trois procureurs extraordinaires. Alain Berset n’est pas visé personnellement, mais il a été appelé à témoigner dans la première. Comme celle-ci a fini sur la place publique, elle a été désamorcée. D’autant plus que son procureur est visé par une plainte pour abus d’autorité. Et qu’un troisième procureur va enquêter sur la fuite de la première. À Berne, rien n’est simple pour la justice en ce moment.
Alain Berset a donc réussi ce mercredi son examen devant ses collègues. Cependant, les questions insistantes des journalistes en attestent: la méfiance envers ses propos est grande et traduit un agacement certain. Comment ne pouvait-il pas être au courant des manigances de son porte-parole avec le groupe Ringier? Difficile à croire dans la profession. Durant la période du Covid-19, tous les médias ont vécu avec ces indiscrétions qui précédaient les annonces du Conseil fédéral. Le chef devait bien se rendre compte que ses décisions étaient largement éventées.
Présidence et fin?
Mais faire le procès de cette période sous cet angle seulement est très réducteur. Les ennemis d’Alain Berset, et il y en a eu durant cette période, ont réclamé sa tête tant de fois. Ils la réclament encore aujourd’hui, dans un climat qui lui est, certes, de moins en moins favorable à cause du cumul des reproches. D’aucuns apprécieraient qu’il annonce son retrait à la fin de sa présidence pour calmer le jeu en cette année électorale. Mais, à voir la sérénité avec laquelle il a répondu aux journalistes aujourd’hui, cela ne semble pas être dans ses intentions.