A Hong Kong,  un acteur doit s’excuser pour avoir fait l’éloge d’Elizabeth II

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ChineÀ Hong Kong,  un acteur doit s’excuser pour avoir fait l’éloge d’Elizabeth II

Devenus viraux, les douces pensées sur la monarque défunte exprimés par le célèbre artiste Law Kar-ying ont déclenché l’ire des nationalistes.

Rassemblement à Hong Kong, à proximité du consulat britannique, pour honorer la mémoire d’Elizabeth II. Mais certains hommages trop publiques déplaisent.

Rassemblement à Hong Kong, à proximité du consulat britannique, pour honorer la mémoire d’Elizabeth II. Mais certains hommages trop publiques déplaisent.

AFP

Des milliers d’habitants de Hong Kong ont fait la queue cette semaine devant le consulat britannique pour signer un livre de condoléances pour la monarque, décédée le 8 septembre après 70 ans de règne. Parmi eux figurait Law Kar-ying, 75 ans, un poids-lourd de la scène de l’opéra cantonais, qui a publié sur Instagram un selfie depuis la file d’attente avec pour message: «Hong Kong était une terre bénie pendant son règne».

Instagram est interdit en Chine continentale mais le message de M. Law est devenu viral sur d’autres réseaux sociaux, déclenchant la colère et les critiques du côté des nationalistes.

Prière de ne pas surinterpréter

M. Law a publié jeudi sur la plateforme Weibo, le Twitter chinois, une vidéo pour s’excuser d’avoir «fait des remarques de deuil sans réfléchir». Son message sur Instagram a été effacé. «Mon intention de départ était d’exprimer mes condoléances pour une femme âgée décédée et je voudrais demander à chacun de ne pas surinterpréter ce que j’ai dit», déclare en mandarin M. Law dans cette vidéo.

«Il m’est impossible d’oublier mon origine et mes ancêtres. Le fait que j’ai conservé un passeport chinois dit tout, je suis Chinois et j’aime ma mère patrie pour toujours. Je suis désolé», ajoute-t-il.

Britannique durant plus de 150 ans

Hong Kong a été une colonie britannique durant plus de 150 ans et, même si la place financière a été rétrocédée à la Chine en 1997, elle garde son histoire coloniale gravée en elle, depuis les noms des rues et l’omniprésence de l’anglais jusque dans le système judiciaire.

Si la réaction au décès de la reine a été plus mesurée dans d’autres ex-colonies, à Hong Kong environ 6700 personnes, y compris certains responsables gouvernementaux, avaient signé jeudi le livre de condoléances au consulat, avec des files d’attente générant jusqu’à quatre heures d’attente dans le quartier des affaires.

Alors que la Chine cherche à éradiquer la dissidence après les énormes manifestations pro-démocratie d’il y a trois ans, ces personnes endeuillées ont souvent exprimé leur nostalgie pour le passé colonial.

«Éléments anti-Chinois»

Ta Kung Pao, un journal hongkongais qui dépend du bureau de liaison local de Pékin, a publié mardi un commentaire accusant «des éléments anti-Chinois et des médias anti-Chinois» de «blanchir le système colonial» en encourageant le deuil d’Elizabeth II.

Le nationalisme a progressé en Chine sous la présidence de Xi Jinping et toute perception d’une critique ou d’une déloyauté envers le pays peut coûter cher aux célébrités ou aux hommes d’affaires auprès des consommateurs.

Beaucoup de commentaires de la vidéo publiée par M. Law sur Weibo se disaient non convaincus par ses excuses. Certains lui conseillaient même d’ «apprendre de son épouse», Liza Wang – également une star de l’opéra cantonais – qui a été une déléguée de Hong Kong à l'Assemblée du peuple avant 1997.

(AFP)

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