Ajoie – Chaux-de-Fonds: les fans refont le match

Une fin de match totalement folle pour conclure un barrage de promotion/relégation qui a véritablement tenu toutes ses promesses. Les six duels entre le HC Ajoie et le HC La Chaux-de-Fonds ont été chauds sur la glace et en tribunes. Ils ont été passionnés, à suspense, parfois renversants – à l’image de la série (de 0-2 à 4-2) – et ceux-ci ont fini par sourire au «gros». Car la formation jurassienne, à la faveur d’un improbable finish lors de l’acte VI – de 2-1 à 2-3 en 72 secondes entre les 57e et 58e minutes –, a sauvé sa peau dans l’élite lundi soir aux Mélèzes.

Un scénario terriblement cruel pour le public chaux-de-fonnier, incroyablement libérateur pour les fans ajoulots. Déchaînés à la sirène finale, ces derniers ont chanté leur bonheur de rester dans l’élite du hockey sur glace suisse durant de longues minutes. Présent parmi les 160 supporters visiteurs autorisés à faire le déplacement de la métropole horlogère, Tanguy est passé par toutes les émotions durant cette partie complètement folle.

«C’était très tendu, honnêtement, concède le jeune homme de 27 ans. On voulait vraiment en finir ce soir (lundi). C’était, en effet, important de s’éviter un match 7 à Porrentruy. On a bien commencé ce match, puis le deuxième tiers a été en faveur de La Chaux-de-Fonds. Ils ont été plus agressifs et se sont procuré beaucoup d’occasions. Ils ont mis ce goal rapidement. C’est alors devenu très, très tendu. Puis le troisième tiers est parti dans tous les sens. Finalement, Ajoie a mis deux buts dans les cinq dernières minutes. C’était le plus beau finish qu’on pouvait espérer.»

À l’image de tout un club, Tanguy a enfin pu respirer sur le coup de 22h20. «Bravo à Ajoie pour ses quatre victoires à la suite, poursuit-il. Ils m’ont impressionné mentalement, surtout en étant mené 0-2 dans la série. Bravo aussi à La Chaux-de-Fonds pour sa saison. Cette belle équipe nous a quand même tenus en haleine jusqu’au bout. Mais il ne faut jamais enterrer les Ajoulots trop vite. Pour le club, pour tout ce qui a été mis en place, le plus important était d’éviter à tout prix cette relégation. Il y a donc un très, très grand soulagement pour tout le peuple jurassien.»

Ce n’est pas Vincent qui dira le contraire. Stressé «de la première à la dernière minute», ce Jurassien de 55 ans avait de la peine à trouver ses mots après un tel tourbillon d’émotions. «Le scénario de ce match était à couper le souffle, sourit-il. Il y avait une tension extrême lors de ce sixième match. Et ce dénouement reflète notre saison: on mérite de rester en National League.»

Car les hockeyeurs à la Vouivre ont renversé bien des situations compromises durant ce barrage de promotion/relégation de tous les dangers. Et c’est avant tout au caractère et au mental qu’ils ont sauvé leur place dans l’élite. Une issue accueillie avec apaisement par tout un canton.

«Ce maintien est un grand soulagement pour le HC Ajoie, pour toute l’équipe et surtout pour notre Jordane Hauert, reprend Vincent. Son départ à la retraite, c’est quand même quelque chose. Je suis aussi très content pour Julien Vauclair, pour le président, le comité, les sponsors et pour toute la région. Je tiens quand même à ajouter que c’est dommage pour le HC La Chaux-de-Fonds, mais c’est la loi du sport.»

Dans le camp d’en face, la déception et la fierté se mélangeaient au sortir d’un final aussi dramatique pour un HCC auteur d’une superbe prestation – la meilleure dans cette série – et largement dominateur. Mais à en croire la belle communion entre joueurs et supporters à l’issue de la rencontre, c’est bien le deuxième sentiment qui l’a emporté.

«C’était les montagnes russes au niveau des émotions, confirme Naïs. Le scénario de ce dernier match est cruel. Mais les joueurs ont bien joué. Ils ont été présents et se sont bien battus. L’équipe a bien réussi à combler ce gap au niveau de la ligue d’écart. Le HCC a même réussi à gagner deux matches. Pour moi, la saison était de toute façon finie après le titre.»

Puis la jeune femme de 22 ans de remettre les choses dans leur contexte. «Ce barrage, c’était du bonus, rappelle-t-elle. Le club a prévu de monter en 2025, donc ce n’est peut-être pas plus mal au niveau des finances.» Ces dernières n’ont certainement pas vu d’un mauvais œil l’incroyable engouement populaire qui s’est emparé de la métropole horlogère pour son équipe fanion depuis plusieurs semaines.   

«Il y a beaucoup de fierté, confirme Naïs. On ne s’attendait pas à ce que le HCC finisse premier du classement car Olten était le favori, comme en finale d’ailleurs. En ce sens, personne n’avait prédit une victoire 4-0 dans la série pour La Chaux-de-Fonds. Ça faisait 27 ans qu’on attendait ce titre. Je suis contente d’avoir vécu ça. J’ai grandi dans cette patinoire. Et c’est clair que je serai encore là longtemps.»

Cette envie de revenir aux Mélèzes la saison prochaine, Alan la partage. Fan des Abeilles, le jeune homme de 29 ans a pris son pied en suivant les performances livrées par les hommes de Louis Matte durant cette cuvée 2022-2023 historique pour le club neuchâtelois. 

«Cette équipe a rassemblé une grande partie de la ville et des environs, constate-t-il. Il y avait du beau jeu, de l’envie et de la combativité. C’est ce que le public veut voir. L’équipe nous a portés toute la saison et nous a fait plaisir. Ils se sont battus jusqu’au dernier match: grand respect à eux!»

Puis de revenir plus spécifiquement sur cette ultime bataille, perdue avec les honneurs. «La Chaux-de-Fonds sort la tête haute, souligne justement Alan. Mais c’est vrai que la fin est très cruelle, d’autant plus que La Chaux-de-Fonds a globalement mieux joué qu’Ajoie. Le match a commencé en faveur d’Ajoie avec un but à 5 contre 4. À ce moment, on s’est dit que ça allait être compliqué, même si on attendait une réaction du HCC. Elle est venue au deuxième tiers. Ils ont égalisé et le public s’est chauffé. Il y avait vraiment une belle ambiance et les joueurs semblaient galvanisés. À 2-1, toute la patinoire était vraiment en feu. C’était incroyable. Malheureusement, il y a eu ce manque de réalisme qui ne nous a pas permis de mettre le 3-1. Derrière, Ajoie a marqué sur l’une de ses seules contre-attaques. Ce 2-2 a assommé toute la patinoire et les joueurs. Quant au 2-3, il était encore plus cruel.»

Les Chaux-de-Fonniers ont désormais cinq mois pour se remettre de leurs émotions et repartir à l’attaque de la National League. Mais dans l’immédiat, place aux festivités du titre de champion de Swiss League. Des célébrations plus que méritées pour un club et une ville en synergie, qui ont retrouvé leurs lettres de noblesse.