Guerre au Proche-Orient: Le Conseil des Etats refuse de couper l’aide aux Palestiniens

Pour deux petites voix (23 à 21), le Conseil des États a refusé ce jeudi de biffer le crédit de 20 millions que la Confédération doit verser pour l’organisation onusienne d’aide aux Palestiniens, l’UNRWA. Dans le contexte du conflit entre Israël et le Hamas, le Conseil national avait créé la surprise lundi en supprimant du budget 2024 ces 20 millions de francs. La proposition de coupe est venue des milieux pro-Israéliens du Parlement réunis dans le groupe d’amitié Suisse-Israël. Le conseiller national David Zuberbühler (UDC/AR) avait argumenté que cette agence tenait un discours «anti-israélien».

La droite du Conseil national l’avait suivi par 116 voix contre 78. Interrogé par la RTS mercredi soir, le directeur de l’UNRWA, le Suisse Philippe Lazzarini, s’est indigné d’une «décision choquante». Il a écrit une lettre à la présidente du Conseil des États, Eva Herzog (PS/BS), afin que la Chambre de cantons n’avalise pas cette coupe ce jeudi. Derrière la décision du Conseil national, il a dénoncé les résultats «d’une propagande israélienne pour discréditer toute assistance et toute protection des Palestiniens».

Le Conseil d’États n’avait pas prévu cette coupe, mais sa commission proposait finalement de la voter par 10 voix contre 2, comme l’a précisé la rapporteuse Johanna Gapany (PLR/FR). Les jeux semblaient faits, mais Maya Graf (V/BL), Isabelle Chassot (C/FR) et Charles Juillard (C/JU) sont intervenus au nom de la minorité. Pour Isabelle Chassot, la Chambre des cantons devait créer une divergence avec le Conseil national: «Il faut entendre le chef du DFAE sur les reproches fait à l’UNRWA et quelles conséquences cette décision peut avoir sur la politique étrangère de notre pays. (…) La Suisse soutient l’UNRWA depuis de nombreuses décennies…»

Charles Juillard a été plus direct: «En supprimant ces vingt millions, on se trompe de cible, car tous les Palestiniens de Gaza ne sont pas membres du Hamas. Le rôle de l’ONU et de ses organisations humanitaires est très important. Il y a une situation humanitaire catastrophique dans la région et il est inopportun de biffer ces 20 millions dans ce budget».

La cheffe des finances fédérales, Karin Keller-Sutter, a estimé elle aussi qu’il n’était guère judicieux de biffer ce crédit de 20 millions, évoquant en particulier les risques pour la réputation de la Suisse. Le vote a été très serré. Les élus romands ont joué un rôle décisif car, à l’exception de Johanna Gapany, ils ont tous voté en faveur du maintien de la subvention.

Mais la messe n’est pas dite, car le Conseil national va devoir se prononcer une nouvelle fois pour dire s’il maintient ou non sa proposition.