Turquie et Azerbaïdjan boudent le sommet des dirigeants européens

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GrenadeTurquie et Azerbaïdjan boudent le sommet des dirigeants européens

Près de 50 dirigeants du continent européen se sont rassemblés jeudi, dans le sud de l’Espagne, pour tenter d’afficher leur unité et à apaiser des tensions régionales.

Le sommet se déroule à Grenade, en Espagne.

Le sommet se déroule à Grenade, en Espagne.

AFP

L’absence d’Ilham Aliev, président de l’Azerbaïdjan, et celle de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, soutien de Bakou, est un revers pour le forum des dirigeants européens, qui se déroule jeudi, à Grenade, dans le sud de l’Espagne. La situation au Haut-Karabakh ne pourra être abordée avec les protagonistes et la photo de famille de ce troisième sommet de la Communauté politique européenne, qui réunit une cinquantaine de dirigeants, n’aura pas l’éclat espéré.

«C’est dommage», a déploré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à son arrivée dans la ville andalouse. «Nous ne pourrons donc pas parler ici de quelque chose d’aussi grave que le fait que plus de 100’000 personnes aient dû abandonner à la hâte leurs maisons pour fuir un coup de force militaire».

Deux semaines après l’offensive éclair des forces azerbaïdjanaises qui a poussé la quasi-totalité de la population arménienne à fuir la république autoproclamée du Haut-Karabakh, le format semblait idéal pour une rencontre. Mais à la veille de ce sommet, agacé par les marques de soutien européennes à l’Arménie, Ilham Aliev a fait savoir qu’il ne serait pas au rendez-vous. Dénonçant une «atmosphère anti-azerbaïdjanaise», il n’a pas jugé «nécessaire» de participer aux négociations dans ce format, a déclaré à l’AFP un responsable azerbaïdjanais.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, bien présent à Grenade, doit y rencontrer le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président du Conseil européen Charles Michel. Lors du dernier sommet de la CPE, en juin en Moldavie, les quatre dirigeants s’étaient vus en présence d’Ilham Aliev, dans un climat alors déjà très tendu entre Bakou et Erevan. «Il est important de ne jamais abandonner», a souligné Charles Michel, assurant que l’UE était «un médiateur neutre».

Appel de Zelensky

La guerre de la Russie contre l’Ukraine est aussi à l’agenda des discussions, les puissances européennes souhaitant réaffirmer leur soutien à Kiev, au moment où la crise politique à Washington suscite des interrogations sur la poursuite du soutien américain. Dès son arrivée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné qu’il était crucial de renforcer la défense aérienne de son pays à l’approche de l’hiver.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est aussi présent au sommet.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est aussi présent au sommet.

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L’objectif de la CPE, imaginée par Emmanuel Macron, est de rassembler beaucoup plus large que l’Union européenne: au-delà des 27 membres du bloc, 20 pays ont été invités pour ce troisième sommet. Derrière cet acronyme, on trouve des pays aux trajectoires radicalement différentes vis-à-vis de l’UE: des candidats déclarés (et impatients) à l’adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni, qui a choisi il y a sept ans de quitter l’UE avec fracas.

«L’absence d’Erdogan pour la deuxième fois consécutive affaiblit la CPE imaginée pour traiter avec Ankara dans un autre format que l’UE, à laquelle sa candidature est gelée», souligne Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques Delors.

Sunak veut parler immigration

La rencontre très attendue sur le Haut-Karabakh n’ayant pas lieu, ce rendez-vous en Andalousie pourrait se porter sur la crise migratoire, que le Premier ministre britannique Rishi Sunak espère placer au cœur des débats. Mercredi, les 27 se sont mis d’accord sur un texte destiné à organiser une réponse européenne en cas d’afflux massif de migrants dans un État de l’UE, comme au moment de la crise des réfugiés de 2015/2016.

(AFP)

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