Attentat de Nice: La cour entame l’interrogatoire des Albanais

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Attentat de NiceLa cour entame l’interrogatoire des Albanais

Jeudi, la justice a commencé à auditionner les quatre Albanais poursuivis pour diverses infractions en lien avec l’attentat survenu à Nice, le 14 juillet 2016.

La justice a consacré quatre semaines au parcours de l’auteur de l’attentat de Nice.

La justice a consacré quatre semaines au parcours de l’auteur de l’attentat de Nice.

AFP

Après quatre semaines consacrées à l’itinéraire de l’auteur de l’attentat de Nice du 14 juillet 2016 et aux trois accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste (AMT), la cour d’assises spéciale a commencé jeudi l’interrogatoire des quatre Albanais jugés pour de simples infractions de droit commun.

Premier à être interrogé, Artan H., alias «Giovanni», 44 ans, trafiquant de drogue notoire. Il est accusé d’avoir fourni un pistolet avec cinq cartouches et une kalachnikov «en piteux état», sans munition, au Franco-Tunisien Ramzi A. Ce dernier, l’un des trois accusés poursuivis pour AMT, a lui-même reconnu avoir servi d’intermédiaire dans la vente de ce pistolet au Tunisien Mohamed L.-B. qui a tué 86 personnes et fait plus de 400 blessés au volant de son camion lancé à vive allure sur la promenade des Anglais le soir du 14 juillet.

C’est avec ce pistolet que Mohamed L.-B. a ouvert le feu – sans toucher personne – au terme de sa course avant d’être abattu dans son camion. La kalachnikov sans munition a été retrouvée dans la cave de l’immeuble où habitait Ramzi A.

«Je ne veux pas le charger»

D’où venaient ces armes, aimerait savoir la cour. «Je suis ici pour dire la vérité», dit Artan H., cheveux ras et vêtu d’un pull jaune pâle, qui s’exprime, via une interprète, en accompagnant chacune de ses paroles de grands gestes. Mais son récit s’avère confus et, selon le président Laurent Raviot, «pas très sérieux» et «peu vraisemblable». Entre l’accusé et la cour, les échanges s’apparentent à un dialogue de sourds.

Ramzi A., qui achetait de la cocaïne à Artan H. pour la revendre à son compte, lui aurait demandé une arme «pour son usage personnel». «C’est Aleksander H. qui m’a apporté l’arme», explique Artan H. Aleksander H., c’est le pseudonyme d’Adriatik E., un des mis en cause dans l’attentat de Nice, qui s’est suicidé en juin 2018 pendant sa détention provisoire.

«C’est moi qui (ait) proposé une kalachnikov à Ramzi. Ce n’est pas lui qui me l’a demandée. Je ne veux pas le charger. C’était une arme appartenant à Aleksander» H., poursuit Artan H. «Mais je n’ai jamais rencontré Mohamed L.-B. Je ne lui ai jamais rien vendu», insiste-t-il.

Le récit devient difficile à suivre quand Artan H. tente d’expliquer les liens familiaux qui unissent les Albanais mis en cause. Il est question de «Gino», en fait Endri E., alias Luxhino E., cousin d’Adriatik, alias Aleksander; de «Leda», son ex-épouse, en fait Enkeledja Z., qui aurait servi «d’interprète» entre lui et Ramzi A. et du cousin Maksim C. qui, selon Artan H., a été récupérer la kalachnikov cachée par Adriatik pour l’apporter dans son appartement…

«Rêve brisé»

Elezi, Zace et Celaj se trouvent sur le banc des accusés. Selon Artan H., ils sont tous impliqués, à des degrés divers, dans le trafic d’armes. De fait, les quatre accusés albanais sont poursuivis pour participation à une association de malfaiteurs sans lien avec une entreprise terroriste et infractions à la législation sur les armes.

Artan H., le seul des Albanais à ne pas comparaître libre, explique que le mieux pour lui serait de «retourner en Albanie». «Je suis arrivé en France avec un rêve mais il s’est brisé». «Ça tombe bien, vous avez été condamné à une interdiction du territoire français (ITF)», fait remarquer le président.

En détention provisoire (2016-2020) dans le cadre du dossier niçois, Artan H. est «retombé» pour trafic de stupéfiants en 2021, alors qu’il était assigné à résidence à Moulins (Allier). Le tribunal de Montluçon l’a condamné à six ans de prison et à une ITF en mai 2022 pour cette affaire de stupéfiants.

(AFP)

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