FranceAlisha, frappée et noyée par deux camarades: place au procès en appel
Condamnés en avril à 10 ans de prison pour le meurtre de leur copine de classe de 14 ans, deux adolescents sont rejugés à partir de lundi.
La Cour d’appel de Versailles doit se pencher, de lundi à vendredi, sur le sort de deux adolescents. Ils sont à nouveau jugés pour avoir frappé puis tué une camarade de classe, Alisha, 14 ans, à Argenteuil en mars 2021, sur fond de harcèlement. Il y a presque six mois, debout dans le box d’une salle d’audience garnie, le garçon et la fille de 16 ans semblaient de marbre à la lecture détaillée du jugement.
Le tribunal pour enfants de Pontoise les avait condamnés en avril à 10 ans de prison pour «meurtre sur mineur de 15 ans». Ils comparaissaient initialement pour «assassinat», un crime qui implique la préméditation, passible de vingt ans de prison avec l’excuse de minorité. Mais aux yeux du tribunal, le dossier ne comportait pas «d’éléments suffisamment caractérisés» prouvant la volonté «d’actes préparatoires» en vue de la mort de la jeune fille. Même si les adolescents avaient «pleine conscience» de la détresse de la victime.
Un guet-apens?
«C’est pas normal, j’attendais quelque chose de la loi. Eux, ils vont sortir dans dix ans. Ma fille a été tuée», avait crié la mère d’Alisha dans les couloirs du Palais de justice, soutenue par des proches. Le parquet, dont les réquisitions étaient plus sévères que la décision, avait fait appel dès le lendemain.
À Versailles, la qualification des faits sera de nouveau au cœur des débats. Se peut-il que ce duo d’ados, malgré son âge tendre, ait fomenté un dessein aussi funeste que celui du guet-apens dans lequel est tombée Alisha le 8 mars 2021? «Quand on prend séparément tous les actes préparatoires de ce couple infernal, ils convergent tous vers un seul et unique objectif: tuer Alisha. Tout en essayant d’en anticiper les conséquences judiciaires», a affirmé Me Jean Tamalet, qui a repris la défense de la famille de la jeune fille.
Noyée dans la Seine
La scène s’est déroulée à l’abri des regards à Argenteuil, au nord-ouest de Paris. Au pied des piliers du viaduc de l’autoroute A15 qui enjambe la Seine, la jeune fille avait retrouvé une camarade de sa classe. Quelques minutes plus tard, un garçon s’était approché de la victime pour lui asséner de multiples coups, dont certains au visage. La victime avait ensuite été jetée dans la Seine. L’autopsie a conclu à une mort par noyade.
Le mobile ayant conduit à ce scénario macabre questionne également, tant il paraît inconcevable que des futilités adolescentes puissent mener à l’irréparable. À la rentrée de septembre 2020 au lycée professionnel Cognacq-Jay, un établissement privé du centre-ville d’Argenteuil, les trois protagonistes avaient pourtant sympathisé. Mais leurs relations s’étaient dégradées quelques semaines avant le drame, ponctuées d’amourettes et de rivalités entre jeunes.
Le téléphone d’Alisha avait été piraté et des photos d’elle, en sous-vêtements, avaient été diffusées sur Snapchat. À cet épisode s’étaient ajoutées une bagarre entre les deux jeunes filles et la colère du jeune homme, qui ruminait l’affront d’une insulte à l’encontre de son père décédé. Face à cette escalade, l’établissement avait temporairement exclu les deux mis en cause pour le harcèlement de la victime.