KoweïtLes élections législatives remportées par l’opposition
L’opposition, notamment islamiste, a renforcé sa majorité aux élections législatives au Koweït. Une seule femme a été élue députée.
Contrairement aux autres pays de la région, le Koweït connaît une vie politique dynamique, certains députés n’hésitant pas à prendre à partie des ministres issus de la famille régnante des Al-Sabah, qui conserve les leviers du pouvoir. Ce bras de fer permanent a entraîné la démission de plusieurs gouvernements et la dissolution du Parlement à de nombreuses reprises, plongeant le pays dans une profonde crise politique.
Septième gouvernement en trois ans
L’opposition a remporté 29 sièges de députés sur 50, dont 12 islamistes et une ancienne ministre qui a été réélue, selon les résultats des élections de mardi publiés par l’agence de presse officielle Kuna. Le nouveau Parlement est essentiellement composé des mêmes figures que le précédent, à l’exception de 12 députés, dont de jeunes réformateurs, pour certains se revendiquant de l’opposition, qui font leur entrée dans l’assemblée. Il tiendra sa première réunion le 20 juin, a indiqué Kuna.
En mars, la Cour constitutionnelle avait invalidé les élections législatives de 2022, se prononçant en faveur du rétablissement du précédent Parlement, issu du scrutin de 2020. Ces deux élections avaient été remportées par l’opposition. Début avril, la petite monarchie avait formé son septième gouvernement en trois ans, et quelques jours plus tard, l’émir avait dissous le Parlement et convoqué de nouvelles législatives.
«Tournure réformiste»
Le député d’opposition Adel Al-Damkhi s’est réjoui de «la tournure réformiste» que vient de prendre le Parlement. «Les résultats des élections montrent la prise de conscience du peuple koweïtien», a-t-il dit à l’AFP. Janane Bouchehri, la seule députée, qui conserve son siège pour un troisième mandat, a dit à l’AFP espérer que le nouveau Parlement oeuvre pour la «stabilité» et pour «faire avancer les dossiers politiques comme économiques». Deux femmes siégeaient dans le précédent Parlement.
Les tensions politiques ont entravé les réformes dont a besoin le pays, à l’économie peu diversifiée, une situation qui tranche avec celle de ses puissants voisins, comme l’Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis. Cette instabilité a refroidi l’appétit des investisseurs pour le Koweït, pourtant l’un des principaux exportateurs de pétrole au monde, avec près de 7% des réserves mondiales de brut.
«Les Koweïtiens en ont assez, ils veulent de la stabilité et du développement. Mais sans une refonte du système, ni l’un ni l’autre ne sont près d’arriver», a estimé Bader Al-Saif, professeur à l’université de Koweït.