États-UnisManifestations en faveur d’une meilleure régulation des armes à feu
Joe Biden a apporté son soutien aux manifestants, réunis samedi aux États-Unis pour appeler à mieux encadrer les armes à feu, après de récentes tueries.
Des milliers d’Américains manifestaient samedi dans les rues du pays pour réclamer un meilleur encadrement des armes à feu après de récentes tueries, dont celle dans une école du Texas qui a choqué les États-Unis. À Washington, ils étaient des milliers à s’être rassemblés sous un ciel maussade pour «arrêter le massacre», selon une pancarte parmi d’autres: «un enfant vaut plus que votre fusil», «trop, c’est trop».
«Je me joins à eux pour réitérer mon appel au Congrès: faites quelque chose», a écrit le président américain Joe Biden sur Twitter pour soutenir ces manifestations dans des centaines de villes à travers le pays.
«La volonté du peuple américain est contrariée par une minorité», tance dans la foule Cynthia Martins, qui habite à Washington, visant le parti républicain qui s’oppose aux réformes. Son association avait organisé une manifestation au même endroit il y a neuf ans, après le bain de sang à Sandy Hook, qui avait fait 26 morts dont 20 enfants en 2012.
«Nous sommes ici près de dix ans plus tard, et quasiment rien n’a été fait», regrette cette femme de 63 ans. Près d’elle ont été installés des milliers de vases avec des fleurs blanches et orange, représentant la hausse des violences dans le pays depuis 2020, année durant laquelle 45’222 personnes ont été tuées par arme à feu, selon l’association à l’origine de ce mémorial, Giffords.
«Assez!»
Le 24 mai, un lycéen de 18 ans porteur d’un fusil d’assaut a tué 19 écoliers et deux enseignantes dans une école primaire d’Uvalde, au Texas, près de la frontière mexicaine. Quelques jours plus tôt, un jeune suprémaciste blanc de 18 ans avait tué dix personnes noires à Buffalo, dans le nord-est des États-Unis.
«Nous sommes ici pour dire: assez!» a lancé à la tribune Garnell Whitfield, fils d’une femme de 86 ans tuée à Buffalo. «Nous sommes ici pour nous tenir aux côtés de ceux qui ont le courage d’exiger une législation raisonnable sur les armes», a-t-il ajouté. Ces deux derniers massacres, et les centaines de fusillades qui ne font pas la une de l’actualité, ont ravivé le débat sur la régulation de l’accès aux armes à feu.
L’appel à la mobilisation de samedi émane de March for Our Lives, le mouvement fondé par des victimes et survivants de la tuerie dans le lycée de Parkland, en Floride, qui avait déjà organisé dans la foulée, en mars 2018, une immense manifestation à Washington. Les gens «en ont marre, et il est temps de pousser le Congrès à faire quelque chose», a écrit vendredi dans une tribune pour Fox News l’une des figures de March for Our Lives, David Hogg.
Négociations au Congrès
Samedi, des centaines de personnes ont manifesté à Parkland et dans les grandes villes du pays comme à New York, où le maire Eric Adams a rejoint le cortège. Joe Biden, reprenant les éléments d’un discours passionné prononcé le 2 juin à la suite du massacre à l’école d’Uvalde, a appelé de son côté les élus à «voter des lois de bon sens sur la sécurité des armes à feu».
Le président démocrate a énuméré à nouveau les réformes qu’il souhaite du Congrès: interdire les fusils d’assaut et les chargeurs à grande capacité; renforcer la vérification des antécédents, notamment psychologiques, des acheteurs; obliger les particuliers à garder leurs armes sous clé; encourager les signalements en cas de crainte d’un passage à l’acte et rendre les fabricants d’armes plus responsables.
«Nous ne pouvons pas trahir à nouveau le peuple américain», a-t-il écrit sur Twitter. Joe Biden a maintes fois promis d’agir contre ce fléau que les gouvernements successifs ont été incapables d’endiguer, mais sa marge de manœuvre est limitée par sa très courte majorité et l’opposition des républicains.
La Chambre des représentants a voté mercredi un texte qui interdirait la vente de fusils semi-automatiques aux moins de 21 ans et celle des chargeurs à grande capacité. Mais il n’a quasiment aucune chance de passer au Sénat, où le soutien de dix conservateurs est nécessaire pour atteindre la majorité qualifiée. En parallèle ont lieu des discussions entre parlementaires des deux partis pour tenter de trouver un texte de compromis.