Ski alpin: Humeur: l’inégalable ambiance bon chic bon genre de St-Moritz

Champagne contre bières, gastronomique contre spätzlis ou encore manteaux en fourrure contre vestes de ski. Le temps d’un week-end, St-Moritz se transforme en accueillant un public un peu différent de celui exclusif qui le caractérise. Les personnes férues de ski prennent possession de lieux et se mettent à agiter des drapeaux aux couleurs de la Suisse, des États-Unis ou même de l’Italie pour soutenir les athlètes.

Sans promettre une fête à ciel ouvert de la dimension d’Adelboden, l’aire d’arrivée grisonne comporte tous les marqueurs des courses de Coupe du monde en terres helvétiques. Il y a de ces saucisses servies avec du pain et de la moutarde, cette odeur de vin chaud qui parfume l’air et la musique est à coin. Si la journée de vendredi a été relativement tranquille, le samedi a vu les spectateurs affluer pour garnir les tribunes. Voilà pour ce qu’il y a tout en haut, au pied de la Corviglia. Parce que l’ambiance plus bas, dans le village, est bien différente.

Il faut dire que les palaces ne manquent pas, les prix ont de quoi faire tiquer ceux habitués à consommer dans les établissements chaux-de-fonniers. La bière locale de 33 cl est chiffrée jusqu’à 14 francs suivant l’endroit. Les vans jouent les taxis depuis la gare. Il suffit de prendre un chemin tracé dans la neige puis emprunter des escalators pour arriver dans le centre névralgique. Là, des calèches censées appuyer l’esprit de Noël attendent les chalands. Cataclop, cataclop, et voilà les touristes transportés du haut de la ville jusqu’au lac au doux son des sabots. Ne reste qu’à laisser passer les voituriers qui déplacent les bolides des visiteurs.

Quand les compétitions de ski alpin prennent fin, le public si chic se mélange à celui populaire du cirque blanc. Les vestes en fourrure se frottent à celles de sport aux abords des bars propices à l’après-ski.

Est-il seulement possible de venir avec des moyens limités dans le coin? «Il y a des visiteurs qui dorment dans les auberges de jeunesse», répond un bénévole, avant de concéder qu’il y a «principalement des gens qui ont de l’argent ici.» A St-Moritz, même le kebab du coin semble haut de gamme.

Le phénomène est exacerbé lors de certains événements. «Venez à Noël et lors de la compétition de polo, et vous aurez le capitalisme à son paroxysme», rigolait un des bénévoles des épreuves de ski alpin. Le «White Turf» a lieu durant trois dimanches du mois de février. Les jockeys y mènent leurs chevaux à toute vitesse sur le lac gelé. La course de voitures «The Ice» s’inscrit comme une autre compétition dédiée à un public haut-de-gamme. Le ski alpin fait presque figure d’outsider tant il ramène un public différent. «La Coupe du monde est un moment particulier», affirme un autre bénévole, assez content de voir ce monde graviter autour de sa station de cœur. Elle marque le lancement de la saison avant que la folie de Noël ne se propage dans les esprits. D’ailleurs, les fêtes de fin d’année s’inscrivent comme un moment durant lequel les prix grimpent.

À se promener dans les rues de St-Moritz, l’impression de pouvoir voir Mariah Carey débarquer à tout moment existe. La chanteuse serait parfaitement capable de tourner un nouveau clip pour «All I want for Christmas is You» dans la station grisonne.