SuisseLa police ne veut plus être filmée lors d’interventions musclées
Des associations de police demandent le port généralisé de bodycams, d’autres veulent interdire aux passants de filmer. Cela alors que la Suisse ne dispose pas de statistiques sur la violence policière.
Les vidéos prises lors d’arrestations musclées circulent toujours plus sur les réseaux sociaux. Exemple: celle d’un adolescent récalcitrant plaqué au sol par deux agents à Zurich le 5 juillet dernier sous les yeux de passants. Ces vidéos sont reprises par des plateformes d’information, telles quelles, sans mise en contexte et sans dissimuler les visages, dénoncent des policiers dans la «NZZ am Sonntag» de ce dimanche.
Les corps de police réagissent de façons très diverses. Giovanni Garra, vice-président de l’association des fonctionnaires de police de la ville de Zurich, prône le port généralisé de bodycams (minicaméras corporelles) par les gardiens de l’ordre. Et ce sans délai. Plusieurs cantons, comme celui de Vaud, villes et la police des transports des CFF prévoient déjà cette mesure.
Une «chasse à l’homme»
D’autres, telle l’association des fonctionnaires de police de Bâle-Ville, veulent au contraire interdire de filmer à tout le monde – police et passants – lors d’interventions dans des lieux publics. Le conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS) déposera une intervention parlementaire cet automne où il demandera l’extension de l’interdiction de filmer le personnel des douanes à toutes les forces de police.
Johanna Bundi Ryser, présidente de la Fédération suisse des fonctionnaires de police, considère que la question des vidéos prises par le public fait partie d’un problème plus large. Selon elle, certains groupes se livrent à «une véritable chasse à l’homme» contre la police. Elle fait référence notamment à Mathilde Marendaz, la députée vaudoise d’Ensemble à gauche, qui avait posé avec une affiche où figurait le slogan «ACAB» (All Cops are Bastards – «tous les flics sont des bâtards»), ou à une chronique parue dans «Blick» où l’auteur avait écrit: «Non, la police n’est pas composée que de bâtards. Sauf peut-être à Genève.»
Faut-il interdire au public de filmer des interventions de police dans l’espace public?
Visions opposées
La Suisse ne dispose pas de chiffres sur la violence policière. L’ONG de défense des droits humains Amnesty International reçoit régulièrement des informations sur une violence disproportionnée lors d’interventions policières. L’organisation exige que chaque canton mette en place un service d’enquête indépendant. La Fédération suisse des fonctionnaires de police s’en prend quant à elle au traitement médiatique des interventions policières. «Nous ne voulons pas dicter aux médias la manière dont ils doivent faire leur travail, mais nous voulons leur indiquer comment rendre leurs reportages équitables», dit sa présidente.