BDLes Tuniques bleues pleurent leur papa, Raoul Cauvin
Le prolifique scénariste avait annoncé il y a trois mois être atteint d’un cancer incurable. Il s’est éteint jeudi, à 82 ans.
Le scénariste belge de bande dessinée Raoul Cauvin, père de la série à succès «Les Tuniques bleues», est décédé jeudi à 82 ans, trois mois après avoir annoncé être atteint d’un cancer incurable, a annoncé Dupuis, sa maison d’édition.
«C’est avec une immense émotion que nous vous faisons part du décès de Raoul Cauvin, un des plus grands hommes du monde de la bande dessinée. Nous sommes en pensée avec les millions de lecteurs qui ont adoré sa drôlerie et son comique de situation à travers la publication de ses séries, a indiqué l’éditeur tôt vendredi dans un communiqué. Nous sommes en pensée avec les millions de lecteurs qui ont adoré sa drôlerie et son comique de situation à travers la publication de ses séries».
Le 8 mai, le scénariste avait averti lui-même ses lecteurs de la triste nouvelle: «Je ne sais pas comment vous l’annoncer… L’oncologue est formel. Encore quelque mois à vivre avant d’aller, là-haut, rejoindre tous ceux qui m’ont précédé. Fallait bien que ça m’arrive aussi un jour».
15 millions d’albums des «Tuniques bleues»
Raoul Cauvin doit principalement sa notoriété aux «Tuniques bleues», une série à succès d’une rare longévité, qui s’est écoulée à des millions d’exemplaires en un demi-siècle. Elle raconte avec humour les aventures de deux soldats américains, un militariste convaincu et un autre engagé malgré lui, qui combattent les Sudistes pendant la guerre de Sécession (1861-1865).
Il avait créé «Les Tuniques Bleues» en 1968, huit ans après ses débuts chez Dupuis, concevant d’abord ses deux héros - le sergent Cornelius Chesterfield et le caporal Blutch- avec le dessinateur Louis Salvérius, qui meurt en 1972 et laisse la place à Willy Lambil.
Un ultime album scénarisé par Cauvin et dessiné par Lambil (85 ans) sortira au mois d’octobre prochain, intitulé «Où est donc Arabesque?» (tome 64). Ces deux vétérans étaient surnommés «les papys de la BD», avec la même moustache grisonnante. Le tome 65 de la série, «L’envoyé spécial» est en revanche déjà paru, signé par une nouvelle équipe, le couple de scénaristes Beka et le dessinateur Munuera.
Avec plus de 15 millions d’albums vendus en français - sans compter les traductions en anglais, allemand, néerlandais et d’autres langues-, ces deux héros ont fait découvrir le conflit américain à bon nombre d’Européens.
Une pluie de séries
Et ce succès populaire pousse Cauvin à devenir un auteur prolifique pour son éditeur Dupuis, en collaborant avec quantité d’autres dessinateurs: entre autres Berck («Sammy» et «Lou»), Nic («Spirou et Fantasio») ou Kox («L‘Agent 212»).
Adepte de toutes les formes du gag visuel, Cauvin évolue dans les années 1980 vers des productions plus incisives, proches souvent de l’humour noir et de la parodie. Il s’illustre ainsi dans les séries «Pierre Tombal» (avec Hardy), «Les Femmes en blanc» sur l’univers de l’hôpital (avec Bercovici au dessin), et «Cédric» (avec Laudec) - qui s’avère un succès de la BD jeunesse avec 34 albums à ce jour.
«Artisan d’une bande dessinée populaire mais de qualité Raoul Cauvin est devenu une véritable statue de Commandeur des scénaristes, il a durablement codifié la mécanique du gag et les canons de l’aventure humoristique», a souligné Dupuis vendredi.