CritiqueLe retour spectaculaire de Starmania: nous avons vu le show à Paris
La comédie musicale la plus connue de France sera à Genève le 9 et 12 mars. Un moment explosif et nostalgique à ne pas rater.
- par
- Fabio Dell'Anna
L’opéra rock culte «Starmania» revient sur le devant de la scène. Avant qu’il se joue à l’Arena de Genève du 9 au 12 mars, nous avons assisté à la dernière représentation parisienne, le week-end dernier à la Scène Musicale. Le spectacle peut-il trouver son public plus de 40 ans après son premier succès? C’est le défi du metteur en scène Thomas Jolly. Et cette superstar dans le milieu théâtral le relève avec brio: la scénographie est tout simplement éblouissante.
Cela commence par un hommage subtil à Michel Berger, qui a composé les tubes du show, avec un piano blanc tourne, entouré par de nombreux projecteurs. S’ensuit la présentation de Monopolis, cette ville tentaculaire où les néons remplacent le soleil, avec ses passants pressés dans une atmosphère en noir et blanc. Tout est minimaliste, brut mais aussi parfois violent. Ainsi dans «Quand on arrive en ville», on se retrouve face au zonard Johnny Rockfort et sa bande des Étoiles noires en train de dépouiller et frapper des gens à coups de battes.
Un casting de talentueux inconnus
Ce chaos, magnifiquement chorégraphié par le Belge Sidi Larbi Cherkaoui, se poursuit pendant trois heures. Le spectacle met en avant huit personnages (le casting est composé d’inconnus très talentueux) dans une société qui ne leur correspond pas. Leurs chemins se croisent alors qu’une campagne présidentielle voit s’affronter le Gourou Marabout, défenseur des théories de l’écologie, et Zéro Janvier, l’homme le plus riche du monde qui ne jure que par les machines. Ce dernier est joué par le Québécois David Latulippe, dont la voix est un cran au-dessus des autres. En particulier dans son interprétation du «Blues du businessman». Mention spéciale aussi à la présentatrice TV Cristal, rôle campé par l’ex-participante de «The Voice» Lilya Adad, qui nous emporte avec son énergie sur «Besoin d’amour». La serveuse automate Marie-Jeanne (Alex Montembault) signe quant à elle le moment clé de la soirée lorsqu’elle avoue son amour à Ziggy, «un garçon pas comme les autres». Un simple guitare-voix embelli par des danseurs. Certainement le tableau le plus abouti.
Une première partie plus dynamique
Si l’on ne voit pas passer le temps lors du premier acte, il y a quelques faiblesses dans le second. On y remarque plus les dysfonctionnements, comme le son qui empêche de comprendre toutes les paroles. Le dénouement peine à arriver, jusqu’à ce qu’une orgie intégrant des pas de ballet réveille la salle. La mise en scène de Thomas Jolly est extraordinaire sur un numéro qui fait disparaître Cristal et Johnny Rockfort dans les coulisses depuis lesquelles ils sont filmés. Des images exceptionnellement retransmises sur un écran géant.
Le final est explosif. Littéralement. Une bombe fait un carnage, et dans un gros nuage de fumée les deux plus célèbres extraits de la comédie musicale sont interprétés: «SOS d’un Terrien en détresse» et «Le monde est stone». Un très beau moment qui ne fait tout de même pas oublier Daniel Balavoine et Fabienne Thibeault.
En nous questionnant sur la politique, le terrorisme, l’écologie, la sexualité, la mort et, surtout, l’amour, l’opéra rock «Starmania» est toujours aussi actuel. La version 2023 est certainement plus sombre que l’originale, mais beaucoup plus spectaculaire. Et si quelques scènes pourraient être raccourcies (le résultat des élections, par exemple), on en sort enchanté.
Starmania du 9 au 12 mars à l’Arena de Genève. Infos et billets: Live Music Production et Ticketcorner.