Equateur: 200 évadés repris après des émeutes meurtrières dans une prison

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Équateur200 évadés repris après des émeutes meurtrières dans une prison

Des affrontements entre deux bandes rivales dans une prison équatorienne ont fait au moins 44 morts lundi. Des dizaines de détenus s’étaient évadés au même moment.

Un détenu recapturé après son évasion lundi de la prison de Bellavista.

Un détenu recapturé après son évasion lundi de la prison de Bellavista.

AFP

Deux cents détenus évadés ont été «recapturés» mardi par les forces de sécurité, au lendemain d’une évasion massive d’une prison du nord de l’Équateur à la faveur d’une émeute meurtrière apparentée à une «boucherie», selon les proches éplorés des victimes.

«Jusqu’à présent, 200 prisonniers ont été recapturés» par les forces de sécurité, grâce aux patrouilles et aux points de contrôle de la police et de l’armée, a déclaré à la presse le chef des opérations de la police, le général Geovany Ponce.

Selon le dernier bilan officiel, au moins 44 prisonniers sont morts lors d’affrontements entre deux bandes rivales lundi dans la prison de Bellavista, dans la province de Santo Domingo de los Tsachilas, environ 80 km à l’ouest de Quito. Dix autres prisonniers ont été blessés, ainsi qu’un policier, selon les autorités.

220 évadés

Au total, 220 prisonniers se sont évadés à la faveur de ces violences, selon les déclarations de la police. Deux des tués sont de nationalité vénézuélienne, et 41 corps ont été identifiés pour le moment, selon le général Ponce, qui a parlé d’un retour au «calme total» dans la prison. Les autorités offrent jusqu’à 3000 dollars (près de 3000 francs) de récompense à ceux qui aideraient à capturer la vingtaine de prisonniers toujours manquants.

Le président Guillermo Lasso a déclaré mardi que son gouvernement menait une «guerre non conventionnelle» contre un «nouvel ennemi» en Équateur, lors d’une réunion avec une société de sécurité israélienne à Tel Aviv où il effectuait une visite en vue de fournir à l’Équateur des technologies pour lutter contre la violence qui se répand également dans les rues.

Mardi, désespérés et en pleurs, des dizaines de parents et proches des prisonniers patientaient devant la prison de Bellavista dans l’attente de nouvelles des leurs, a constaté l’AFP. Soldats et militaires étaient déployés dans et autour de l’établissement. «Ils ne nous donnent aucune information. Ils disent que des jeunes hommes se sont échappés pour sauver leur vie, que d’autres vont être transférés», a déclaré Leisi Zambrano, sans nouvelle de son frère.

Appels désespérés

Dès qu’elle a entendu parler des affrontements, Leisi Zambrano dit avoir a accouru aux premières heures du matin à la prison, avec d’autres membres de la famille. «Nous avons entendu les prisonniers appeler à l’aide, qu’on ne les laisse pas mourir», raconte-t-elle, en commentant: «C’est une boucherie à l’intérieur».

Dans la prison, des journalistes de l’AFP ont constaté des façades brûlées et un trou dans le mur qui aurait servi à l’évasion. Des vidéos atroces circulent sur les réseaux sociaux montrant un amas de corps ensanglantés, dénudés et mutilés, sur le sol couvert d’hémoglobine d’une salle commune. Ou encore des cadavres jonchant les couloirs de la prison, à côté de matelas que les assaillants ont vraisemblablement tenté d’incendier.

Lobos contre 7

Selon le ministre de l’Intérieur, Patricio Carrillo, des membres du gang Los Lobos (Les Loups) ont «attaqué» à l’arme blanche les membres de la faction rivale des R7. Les autorités ont également trouvé des fusils, des pistolets, des grenades et des munitions.

Pour tenter d’endiguer la violence, six leaders de ces gangs ont depuis été transférés par hélicoptère vers deux prisons de haute sécurité ailleurs dans le pays. D’une capacité de 1200 places, la prison de Bellavista accueille 1700 prisonniers, à l’image de la surpopulation carcérale dans toutes les prisons d’Équateur.

«Ces incidents inquiétants soulignent une fois de plus la nécessité urgente d’une réforme complète du système de justice pénale», a commenté la porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a quant à elle condamné les violences et demandé une enquête «rapide, sérieuse et impartiale». 

(AFP)

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