Bande dessinéeLes Tuniques bleues retrouvent des couleurs
Après le décès du scénariste Raoul Cauvin, c’est Kris qui désormais raconte avec Lambil les aventures de Blutch et Chesterfield. Et ça démarre bien.
- par
- Michel Pralong
En août 2021, Raoul Cauvin décédait à 82 ans. Le créateur des «Tuniques bleues» (avec le dessinateur Salvérius) avait laissé un dernier album «Où est donc Arabesque?» paru sous le crayon de Lambil en octobre 2020. Une autre équipe a également réalisé un album, sorti lui en 2020, «L’envoyé spécial».
Cela voulait-il dire que Lambil, aujourd’hui âgé de 86 ans allait passer la main? Non, il revient avec «Irish Melody», avec pour la première fois un scénario signé Kris. L’homme est né en 1972, soit l’année où Lambil reprenait «Les Tuniques bleues». Et ce sang neuf fait du bien!
Des Irlandais dans les deux camps
Comme souvent Cauvin l’avait fait, l’histoire tourne autour d’un fait réel qui s’est passé durant la guerre de Sécession. Ici, l’engagement dans les deux camps de nombreux Irlandais, réduits à se battre contre des frères ou des cousins. Le roux sergent Chesterfield ne tarde d’ailleurs pas à être pris pour un des leurs, lui et le caporal Blutch vont se mettre au vert, mais pas dans le sens du repos tant espéré par Blutch, mais à cause du vert de l’Irlande.
Alors que dans ses meilleurs albums, Cauvin réussissait à merveille le mélange entre fait historique et aventures comiques du duo, il faut avouer que ces dernières années, il avait tendance à rendre une copie minimum. Un fait historique, un gag à répétition et l’affaire était plus ou moins bouclée, avec souvent une fin tombée de nulle part.
Pour sa première, Kris s’est donné de la peine et réussit à reproduire le meilleur des Tuniques bleues. Cela faisait longtemps qu’on n’en avait pas lu un avec autant de plaisir. Si le dessin de Lambil est resté impeccable au fil des ans, il avait connu des faiblesses sur les deux derniers albums, avec du flou dans les visages, un trait moins assuré. On peut le comprendre, le dessinateur n’est plus tout jeune. Pourtant, Lambil semble reprendre du poil de la bête avec ce tome 66. Et tout ce qu’on peut souhaiter, c’est que ce nouveau duo sorte encore quelques albums de cette qualité.