Droits de l’hommeLes États-Unis demandent un débat sur la Chine à l’ONU
Pékin est accusé de crimes contre l’humanité dans la région du Xinjiang, où plus d’un million de Ouïghours et d’autres membres de minorités musulmanes seraient enfermés.
Les États-Unis ont demandé lundi un débat au Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, où Pékin est accusé de crimes contre l’humanité. C’est la première fois de l’histoire du Conseil des droits de l’homme, créé en 2006, qu’un projet de résolution vise la Chine.
Ouïghours enfermés
Le texte demande que le débat sur le Xinjiang se tienne à l’occasion de la 52e session du Conseil, qui doit se dérouler au premier trimestre de 2023. Le projet de résolution a été déposé avec le soutien du Royaume-Uni, du Canada, de la Suède, du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Norvège. La résolution sera soumise au vote des 47 États membres du Conseil, le 6 ou le 7 octobre.
Le texte, très bref, prend note «avec intérêt de l’évaluation» publiée le 31 août par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme sur la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Le Xinjiang a longtemps été frappé par des attentats sanglants dont le gouvernement accuse des séparatistes et islamistes ouïghours – le principal groupe ethnique de la région.
Depuis plusieurs années, la Chine est accusée – preuves matérielles et documents à l’appui – par des pays occidentaux et des organisations de défense des droits de l’Homme d’avoir enfermé au Xinjiang plus d’un million de Ouïghours et d’autres membres de minorités musulmanes, y compris des Kazakhs, dans des camps. Pékin rejette ces accusations, affirmant combattre le terrorisme et assurer le développement de la région.
Pressions en coulisse
Dans son rapport, le Haut-Commissariat ne parle pas de génocide mais évoque de possibles «crimes contre l’humanité» et des «preuves crédibles» de tortures et de violences sexuelles et appelle la communauté internationale à agir. Pékin a rejeté avec véhémence ces accusations et a critiqué le rapport, accusant l’ONU de devenir «le sbire et le complice des États-Unis et de l’Occident».
Ces dernières semaines, la Chine a exercé en coulisse à Genève d’importantes pressions sur les pays pour contrer toute initiative à son encontre, tandis que les pays occidentaux et leurs alliés faisaient l’objet de pressions intenses de la part des ONG pour présenter une résolution au Conseil visant à condamner les violations et ordonner une enquête.
«Nous n’avons pas peur», a encore déclaré la semaine dernière, le directeur de l’information du Xinjiang, Xu Guixian. «Nous sommes prêts à nous battre», a-t-il assuré aux médias à Genève. Interrogé sur la manière dont Pékin répondrait à une résolution du Conseil, il a assuré que son pays adopterait «les contre-mesures appropriées».