Urs Lehmann sur Odermatt: «Marco c’est un cadeau»

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Ski alpinUrs Lehmann: «Marco c’est un cadeau»

Le président de Swiss-Ski parle de Marco Odermatt, bien sûr, de cette saison magnifique, de Lara Gut-Behrami, des autres et du futur…

Christian Maillard Soldeu (Andorre)
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Christian Maillard Soldeu (Andorre)
Président de Swiss Ski, Urs Lehmann dresse un bilan plus que positif du ski helvétique.

Président de Swiss Ski, Urs Lehmann dresse un bilan plus que positif du ski helvétique.

AFP

Les chiffres sont à vous donner le tournis. Avec 11 318 points, la Suisse a largement dominé de manière déconcertante cette saison de Coupe du monde de ski alpin, loin devant l’Autriche (8729) et la Norvège (7611). Avec cinquante-sept podiums dont vingt-quatre victoires à leur compteur, les athlètes helvétiques ont brillé de Sölden à Soldeu, du début à la fin, avec maestria, à l’image d’un Marco Odermatt impérial (13 succès, 22 podiums, 3 boules de cristal dont le général). Mais il n’est pas le seul­…

«L’image qu’on dégage pour le moment: c’est comme une peinture de Picasso»

Urs Lehmann, président de Swiss-Ski

Comment ne pas mettre en avant Lara Gut-Behrami, toujours présente au sommet (2e du général, 3 victoires, 9 podiums) après quinze ans et ses 37 victoires sur le cirque blanc, son titre olympique et ses médailles d’or aux Mondiaux; idem pour Wendy Holdener enfin victorieuse en slalom avec deux bouquets cet hiver et ses deux breloques en argent lors des Mondiaux de Méribel. Il y a aussi Ramon Zenhäusern et Daniel Yule qui ont fait chacun «coup double»; sans oublier Loïc Meillard et Corinne Suter qui sont eux aussi montés sur la première marche du podium. De quoi ravir Urs Lehmann, un président de Swiss Ski comblé et bien bronzé par une saison, pour lui, très ensoleillée.

Urs Lehmann, on retrouve la Suisse tout devant au classement des nations, loin devant l’Autriche: de quoi vous rendre fier, non?

C’est vraiment un énorme plaisir et un honneur d’être la meilleure nation du monde dans le ski alpin pour la troisième fois en quatre ans. Il est vrai que le sport d’hiver est important dans notre pays mais faut-il encore le prouver sur les pistes: si on regarde les athlètes, les entraîneurs et tout le staff, tout a bien fonctionné ensemble. C’est d’ailleurs une bonne équipe qui effectue du bon travail depuis trois à quatre ans.

Mais plus de 11 000 points c’est énorme: comment expliquez-vous ce magnifique résultat?

Tout le monde parle de Marco Odermatt et de son record de 2042 points. C’est évident qu’avec une saison pareille, c’est incroyable et du jamais vu depuis plus de 30 ans, depuis l’époque de Pirmin Zurbriggen. Mais il ne faut pas oublier les autres belles performances de nos skieurs et skieuses. Celles de Lara Gut-Behrami, par exemple, deuxième du général, qui a réalisé une saison magnifique en géant et en super-G, dont le globe de la spécialité. Mais également Wendy Holdener, Corinne Suter, Daniel Yule et Loïc Meillard ainsi que le titre mondial inespéré de Jasmine Flury, nombreux de nos athlètes ont démontré tout leur potentiel, grâce à notre système.

«À Swiss-Ski, il y a un gros potentiel, mieux que dans d’autres pays. Aussi parce que tout en haut, on possède les meilleurs entraîneurs du monde»

Urs Lehmann, président de Swiss Ski

C’est quoi ce système gagnant?

On peut toujours dire que Marco c’est un cadeau, mais encore une fois ce ne sont que 2000 points sur 11 000: tous ces succès sont le fruit d’un des meilleurs systèmes au monde. Beaucoup de nations essaient d’ailleurs de nous copier. Cela commence par le centre de performance jusqu’à la relève où on a un fil rouge jusqu’en bas dans les ski-clubs où il y a un gros potentiel, mieux que dans d’autres pays. Aussi parce que tout en haut, on possède les meilleurs entraîneurs du monde. On a aussi des athlètes de caractère très sympathiques, pas seulement forts sur la piste mais également en dehors. L’image qu’on dégage pour le moment: c’est comme une peinture de Picasso.

En dix ans, quel travail accompli au sein de votre fédération: c’est la patte Urs Lehmann?

Après la crise en 2013, on a vraiment tout remis en question en mettant en place ce système avec la relève et en changeant beaucoup de choses. Les crises, ça ouvre toujours des portes pour s’améliorer. Mais ce n’est pas un travail qui s’est fait du jour au lendemain en claquant des doigts. Avant de convaincre Walter Reusser de nous rejoindre, cela a duré huit ans depuis notre premier entretien où je lui demandais de prendre le poste de directeur alpin, quant à Tom Stauffer, j’ai attendu 6 ans. C’est vraiment du travail à long terme.

Comment allez-vous faire pour garder cette dynamique et rester la meilleure nation du ski alpin?

C’est très important de vouloir rester avec la volonté d’être une nation constante mais il y a encore beaucoup de travail. Je suis confiant car nous avons les meilleures personnes qu’on puisse disposer sur ces postes, avec une très belle structure. Il suffit de jeter un œil sur les résultats en Coupe d’Europe ou les Mondiaux juniors où la Suisse a aussi gagné le classement des nations. On a jamais eu autant de places fixes pour la Coupe du monde qui viennent de la Coupe d’Europe. Chez les hommes, nous aurons trois places de plus pour le géant, c’est le maximum qu’on puisse avoir. Du côté féminin, nous ne sommes que troisièmes pour le moment et on sait qu’il faut pousser un peu plus pour être performantes une fois que nos vedettes auront arrêté.

«Du côté féminin, on sait qu’il faut pousser un peu plus pour être performantes une fois que nos vedettes auront arrêté»

Urs Lehmann, président de Swiss Ski

Y a-t-il du potentiel au niveau de la relève féminine?

D’ici deux à quatre ans, une nouvelle génération devra être prête. On est conscient qu’on a un peu plus de travail mais on a des talents. On sait la place qu’on occupe aujourd’hui et de ce qu’il faut faire pour rester en haut demain.

Il est vrai que Lara Gut-Behrami, Wendy Holdener et Jasmine Flury ont en effet plus de 30 ans…

Il y a des jeunes qui arrivent gentiment, comme Delia Durrer ou Stefanie Grob. Elles sont six ou sept de 2004 vraiment super fortes et deux de 2003 où il y a aussi de très belles promesses. On a plus de travail que chez les garçons mais il y a de belles perspectives. Maintenant, je vous rassure: les anciennes vont rester encore 2 à 3 ans. le temps que la nouvelle génération arrive au top. Pour ça, je ne suis pas inquiet.

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