France: L’ex-épouse du tueur en série Fourniret jugée pour complicité

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FranceL’ex-épouse du tueur en série Fourniret jugée pour complicité

Monique Olivier est accusée de complicité dans trois enlèvements et meurtres, dont celui de la petite Estelle Mouzin, kidnappée en 2003, alors qu’elle avait neuf ans. 

Monique Olivier a déjà été condamnée plusieurs fois. Elle purge une peine de prison à vie.

Monique Olivier a déjà été condamnée plusieurs fois. Elle purge une peine de prison à vie. 

AFP

L’issue d’un très long combat pour les familles : Monique Olivier, l’ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, décédé en 2021, comparaît, devant les assises en France, pour complicité dans trois enlèvements et meurtres, dont celui d’Estelle Mouzin, 9 ans.  «Je regrette tout ce qu’il s’est passé», a-t-elle indiqué d’une voix mal assurée, au premier jour de son procès.

Debout dans son box, très hésitante, la septuagénaire, cheveux courts et pull blanc, a ensuite ajouté très doucement: «Ecouter tout ça, ça me…», avant d’être coupée par le président Didier Safar. Monique Olivier comparaît pour complicité dans les enlèvements et meurtres d’Estelle Mouzin, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce.

En janvier 2003, Estelle Mouzin disparaît sur le chemin du retour de l’école. Il faudra attendre 2019, après des années d’errements dans l’enquête, pour que Monique Olivier contredise l’alibi fourni par Michel Fourniret. «L’ogre des Ardennes» avouera sa responsabilité quelques mois plus tard à la juge d’instruction Sabine Kheris, aujourd’hui coordinatrice du pôle «cold cases» de Nanterre, en région parisienne.

Selon les déclarations de Monique Olivier en août 2020, Michel Fourniret a séquestré, violé et tué Estelle Mouzin à Ville-sur-Lumes (Ardennes, nord-est), dans la maison qu’il avait héritée de sa sœur. L’ADN partiel de la fillette a été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison.

Corps encore disparus

En 2021, l’ex-épouse de Michel Fourniret reconnaît pour la première fois un rôle dans la séquestration d’Estelle, précisant avoir accompagné son ex-mari près du bois d’Issancourt-et-Rumel, dans les Ardennes, pour enterrer le corps de la fillette. En 2018, le tueur en série a aussi avoué son implication dans deux autres affaires longtemps non élucidées: les meurtres de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish.

Marie-Angèle Domèce, 18 ans, a disparu trente ans plus tôt à Auxerre (centre-est), entre son foyer et la gare. L’affaire avait été rapidement classée faute d’éléments, avant que l’information judiciaire ne soit rouverte en 2012. Quant à Joanna Parrish, une Britannique de 20 ans, son corps dénudé a été retrouvé dans l’Yonne près d’Auxerre en 1990. Elle a été droguée, violée et battue avant sa mort.

Malgré de nombreuses fouilles, les corps de Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin n’ont jamais été retrouvés.

«Très long combat»

Le procès de Monique Olivier constitue «l’issue d’un très long combat», souligne Me Didier Seban, qui défend notamment Eric Mouzin, le père d’Estelle.

Plus de 350 journalistes sont accrédités pour suivre les débats qui doivent durer trois semaines. C’est elle qui a donné son autorisation de prise de vues via son avocat. «Quand on assume ses faits, on doit assumer l’image qu’on renvoie, on ne se cache pas», a justifié son avocat Richard Delgenes, à l’issue de cette première matinée d’audience. «Michel Fourniret se cachait. Nous, on ne joue pas», a-t-il ajouté.

Les débats s’annoncent «douloureux», présage Me Corinne Herrmann, avocate de la famille Domèce. Parmi les témoins appelés à la barre, de nombreux enquêteurs belges et français. «Nous voulions que toutes les étapes de l’affaire soient entendues», explique Me Seban, notamment les enquêteurs belges «qui dès le départ ont donné à la France la conviction» que le couple Fourniret-Olivier était impliqué dans ces trois affaires.

Mais dans le box, un grand absent: Michel Fourniret lui-même, mis en examen en 2020 pour tous les crimes dont son ex-épouse est accusée, et décédé en 2021. Il «ne répondra pas de ses actes (…) parce qu’on n’a pas su mener l’enquête comme elle aurait dû l’être», regrette Me Seban. D’où un «procès un peu tronqué», pour Eric Mouzin, qui a bataillé sans relâche pour faire élucider la disparition de sa fille. Mais il dit ne plus rien attendre de l’accusée.

Il ne faut «pas attendre de révélations» de sa part, affirme lui aussi l’avocat de l’accusée, Me Richard Delgenes. Mais «participer» au processus judiciaire, c’est pour elle se distinguer de Michel Fourniret, explique le conseil. «Contrairement à lui, elle ne tire pas un plaisir particulier de la douleur de ses victimes ou des familles.»

«Elle essaie de se donner le rôle minimal» dans les crimes de son ex-mari, alors qu’elle a déjà été condamnée deux fois pour complicité pour certains d’entre eux, déplore de son côté Me Seban.

En 2008, elle a été condamnée à la perpétuité pour complicité dans quatre meurtres et un viol commis par son ex-mari. Et dix ans plus tard, la cour d’assises des Yvelines, en région parisienne, l’a condamnée à vingt ans de prison, pour complicité dans le meurtre de Farida Hammiche, épouse d’un ancien codétenu du tueur en série, à qui le couple avait volé des lingots d’or. Son corps n’a pas non plus été retrouvé. Monique Olivier encourt à la réclusion criminelle à perpétuité.

(AFP)

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