CoronavirusBon de 50 francs? Oui, une incitation financière favorise la vaccination
Une étude en partie suisse affirme qu’une récompense financière même modeste engendre une hausse des injections.
- par
- Renaud Michiels
L’idée du Conseil fédéral d’offrir un bon de 50 francs à ceux qui persuadent quelqu’un de se faire vacciner semble mort-née. Elle est impopulaire, jugée injuste et rejetée par la majorité des cantons. Une toute nouvelle étude montre pourtant qu’une récompense financière, même modeste, peut contribuer à augmenter le taux de vaccination contre le coronavirus.
Cette recherche parue dans «Science» a été menée en Suède par des chercheurs des Universités de Lausanne, Bâle, Zurich, d’Unisanté, et d’autres institutions de recherche d’Europe et des États-Unis. Elle s’est déroulée entre mai et juillet 2021 auprès d’un échantillon représentatif d’environ 8300 personnes âgées de 18 à 49 ans, communique Unisanté.
Cinq groupes constitués
Dans une enquête en ligne, il a été demandé aux participants s’ils avaient l’intention de se faire vacciner. Puis ils ont été divisés en cinq groupes. Une récompense financière de 200 couronnes (21 francs) a été proposée aux membres du premier groupe s’ils se vaccinaient dans les 30 jours. Dans trois autres groupes, d’autres techniques ont été testées pour pousser à l’injection, comme fournir des informations fiables ou tenter de convaincre que la démarche avait un impact positif pour toute la collectivité. Rien n’a été proposé au 5e groupe, qui était un groupe de contrôle.
Résultat? L’incitation financière a payé, les autres n’ont presque rien donné. Parmi ceux qui pouvaient empocher un peu plus de 20 francs, le taux de vaccination a gagné quatre points, passant de 72 à 76%. Et ce ne sont pas que des déclarations d’intention: les chercheurs ont vérifié que ces personnes ont réellement eu une injection dans les 30 jours. Aucune différence notable n’a été constatée selon le sexe ou l’âge.
«Impact positif»
«Les résultats relativisent la crainte que les récompenses financières puissent avoir un effet contre-productif et décourager les indécis de se faire vacciner, en alimentant par exemple la méfiance», déclare le Dr Florian Schneider, coauteur de l’étude, dans le communiqué d’Unisanté. «Des incitations monétaires même modestes peuvent au contraire avoir un impact positif sur les taux de vaccination.»
Pas sûr que cette nouvelle étude redonne du crédit au projet de bon de 50 francs, puisque cette somme ne serait pas directement donnée à la personne qui se fait vacciner. Mais peut-être qu’une idée alternative d’incitation financière pourrait récolter davantage de soutiens.