FootballMax Veloso, éconduit par Xamax, reste fidèle à son cœur et ses couleurs
Le milieu de terrain, poussé vers la sortie à la Maladière, ne verse pas dans la rancune. Mais à 31 ans, il cherche un dernier défi dans le foot (semi-)pro.
- par
- Simon Meier
Max Veloso véhicule une certaine idée de l’élégance, sur un terrain de foot. En-dehors aussi. Évincé sans trop de gants par Neuchâtel Xamax, son club de presque toujours, le milieu de terrain ne crache pas dans la soupe. «Aucune amertume», assurait-il jeudi auprès d’Arcinfo. Et s’il n’a pas assisté au triomphe des «rouge et noir», leaders de Challenge League après le 4-0 passé à Thoune vendredi soir, c’est parce qu’il était retenu ailleurs; pas par rancoeur.
«Dès que j’en aurai l’occasion, je retournerai à la Maladière sans souci, nous expliquait samedi celui qui enfila son premier maillot xamaxien à 7 ou 8 ans, après son école de foot à Peseux. Ça me fait plaisir de les voir en haut du classement. D’abord parce que j’ai encore pas mal d’amis dans l’équipe, ensuite parce que c’est mon club de cœur. Il ne faut pas s’enflammer, mais on sent qu’il y a un collectif qui se construit, un état d’esprit, avec des jeunes qui arrivent et un coach qui fait du bon travail.»
On dirait le discours dithyrambique d’une nouvelle recrue. Ce sont les mots mesurés d’un cadre éconduit, blessé dans son corps et dans son âme, mais fidèle à son cœur et ses couleurs: «J’aime ce club au-delà de ma personne.» Même Uli Forte, le coach qui n’a pas souhaité le conserver, trouve grâce aux yeux du joueur.
Zéro amertume, donc. Juste quelques regrets sous-jacents. «C’est dommage de terminer sur une blessure dans un club qu’on chérit tant.» Touché au tendon d’Achille ce printemps, Max Veloso a manqué la fin de la saison passée. Puis il est parti en vacances avec la conviction que son aventure neuchâteloise se poursuivrait. Erreur d’appréciation d’un côté, retournement de veste de l’autre.
Offre au rabais
À son retour, le gaucher de 31 ans constate toutefois «des discordes à l’interne entre ceux qui voulaient prolonger [son] contrat et ceux qui n'étaient pas pour». Une offre au rabais plus tard, l’évidence surgit: «J’ai senti qu’on ne voulait plus trop de moi.» Parce qu’il le faut, parce que «c’est comme ça», la page se tourne en un froissement. Mais plutôt que de lancer le bouquin au feu, Max Veloso tourne les pages avec, déjà, plaisir et nostalgie.
Quand on lui demande de feuilleter l’album, le Neuchâtelois d’origine portugaise s’arrête sur trois pages en particulier. Avant tout, il pointe la signature de son premier contrat pro, à l’été 2009. Son père, décédé ce printemps, est avec lui ce jour-là pour parapher l’entente avec Paolo Urfer et Pierre-André Schürmann, alors directeur sportif et entraîneur xamaxiens. «C’était mon rêve de gamin qui se réalisait, s’émeut le trentenaire, c’était le début de l’histoire.»
Une histoire qui, malgré des débuts en Super League à l’été 2011, mettra du temps à se dessiner en rouge et noir, avec un prêt à Bienne (2010) puis, après la faillite due à Bulat Chagaev, un transfert à Sion qui essaiera de le placer à Vaduz (2012) puis Lausanne (2014). L’année suivante, c’est le retour à la Maladière. Puis il y aura cette extraordinaire saison 2017-2018, avec la promotion dans l’élite sous la houlette de Michel Decastel. «Un truc tellement fort au niveau sportif et humain», se souvient Max Veloso.
Le troisième moment de choix, c’est évidemment le miracle du Brügglifeld, le 2 juin 2019. Virtuellement condamné à la relégation après le 0-4 essuyé contre Aarau à la Maladière, Xamax rend la pareille à son adversaire avant de se sauver aux penalties. «Franchement, avant le match, on y croyait sans vraiment y croire, raconte-t-il. Mais on l’a fait. Ce jour-là, j’ai compris que l’impossible était possible.»
Reconversion
Depuis un an, Max Veloso, diplômé en psychologie et science de la communication à l’Université de Neuchâtel, travaille à 50% dans une agence de placement personnel. Mais grâce à «un patron très souple et arrangeant», il ne souhaite pas faire une croix sur sa carrière de footballeur pro. Pas encore. Alors maintenant que Xamax lui a fermé la porte au nez, il commence à toquer ailleurs. Pour trouver un défi à relever, le moins loin possible de Neuch’ et pas plus bas que le haut du pavé en Promotion League.
«Je ne vais pas partir à Schaffhouse ou Vaduz, je ne suis pas prêt à aller n’importe où pour n’importe quel salaire, ni à faire une pige pour faire une pige, explique l’intéressé. J’ai surtout envie d’un projet qui m’intéresse et qui me permette de ne pas couper comme ça.» Et si les «deux-trois contacts» amorcés n’aboutissent pas? «Si cela ne se fait pas cet été, cela pourrait être lors du prochain mercato hivernal», répond celui qui escompte toutefois une solution plus immédiate.
Le corps est fonctionnel, la tête désireuse. Max Veloso, 31 ans, gaucher élégant sur la pelouse comme en-dehors, est prêt pour un défi qui sera sans doute le dernier. Avis aux amateurs – enfin, aux professionnels.