ChineÀ Shanghai, des bénévoles volent au secours des animaux confinés
De nombreux chiens, chats ou oiseaux de compagnie se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la mégapole chinoise après que leur maître ait été envoyé en centre de quarantaine.
Envoyée en centre de quarantaine après un test Covid positif, Sarah Wang a dû abandonner son chat dans son appartement de Shanghai. Mais des bénévoles s’organisent pour sauver l’animal de la faim et de la soif. La capitale économique chinoise affronte sa plus forte poussée épidémique depuis fin 2019. Toutes les personnes testées positives sont envoyées dans des centres de quarantaine. Mais elles ne peuvent emmener leurs animaux de compagnie. Ces derniers risquent de rester seuls pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines.
Autre crainte: que son chien ou son chat soit euthanasié par les services sanitaires. La vidéo d’un petit corgi frappé à mort à Shanghai début avril par un membre des services sanitaires a provoqué un tollé sur internet. Ces images ont créé une véritable «panique» parmi les maîtres, explique Erin Leigh, une Américaine de 33 ans qui a lancé une opération de sauvetage des chiens et chats livrés à eux-mêmes dans les appartements.
Le bien-être animal n’est pas une priorité pour les autorités
Spécialisée jusqu’alors dans le gardiennage d’animaux, Erin Leigh a constitué en quelques jours avec son groupe d’amis un réseau de centaines de bénévoles. Ils ont notamment trouvé une personne désireuse d’accueillir la chatte de Sarah Wang. «Elle n’aurait pas survécu à une désinfection de mon appartement», raconte la jeune femme de 28 ans.
Dans une Chine où l’obsession des autorités est d’empêcher l’apparition de tout nouveau cas de Covid-19, le bien-être des animaux de compagnie n’est pas forcément une priorité. L’an passé, au moins trois chats et un chien ont même été frappés à mort par les services sanitaires, à l’aide de bâtons ou de barres de fer.
La petite équipe d’Erin Leigh repère jour et nuit sur internet les demandes d’aide. Puis elle partage sur les réseaux sociaux des notices avec photos et messages de description, en chinois et en anglais, jusqu’à ce qu’une bonne âme se porte volontaire pour recueillir l’animal. Des livreurs ou des coursiers, qui ont l’autorisation de travailler malgré le confinement, sont ensuite sollicités pour récupérer les bêtes au pied des immeubles et les acheminer vers la nouvelle adresse.
Chiens, chats, oiseaux, poissons et même serpents
L’équipe de bénévoles est déjà venue en aide à des centaines de chats et chiens – plus quelques oiseaux, poissons et serpents. Ils ont également fait acheminer de la nourriture à une animalerie, fermée, qui abritait une cinquantaine de huskies affamés. Mais sortir les animaux de l’appartement est souvent un casse-tête. Car les autorités appliquent parfois avec un zèle extrême les restrictions aux déplacements.
Autre souci: les agents de sécurité, présents dans pratiquement tous les immeubles d’habitation des grandes villes en Chine, rechignent souvent à transporter les animaux jusqu’à l’extérieur du bâtiment. Conséquence de ces difficultés: les sauveteurs ont par exemple passé une heure et demie récemment pour faire transférer un chien depuis l’appartement de son maître jusqu’à un bâtiment situé… à 600 mètres, selon Erin Leigh.
Il faut souvent faire comprendre aux autorités qu’il y aura des «réactions négatives» en termes d’image «si l’animal subit un quelconque préjudice», déclare Ocean Zhang, qui a aidé à négocier la libération du canidé. «Si on continue à travailler tous ensemble, alors les urgences (…) peuvent être résolues en quelques heures.»