Coronavirus - L’étude géante qui confirme l’utilité du masque 

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CoronavirusL’étude géante qui confirme l’utilité du masque

Un test auprès de 340 000 Bangladais, en conditions réelles, montre que cette protection a notamment réduit d’un tiers les infections chez les plus de 60 ans.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
La campagne d’information et d’encouragement dans 300 villages a fait augmenter le port du masque de 29%.

La campagne d’information et d’encouragement dans 300 villages a fait augmenter le port du masque de 29%.

AFP

L’efficacité du masque pour freiner la propagation du coronavirus a été testée en laboratoire. On a vu qu’il empêchait les gouttelettes de passer, dans un sens ou dans l’autre. Il s’agit là de conditions idéales, mais quelle est la réelle efficacité de cette mesure dans la vie quotidienne, alors que l’on sait que le masque traîne dans les poches, est porté sous le nez ou n’est pas mis dans des endroits où il faudrait l’avoir où lorsque la distance l’imposerait? Difficile de répondre à cette question. La première étude à très vaste échelle et en conditions réelles apporte pourtant la preuve que le masque est bien une protection efficace.

Cette évaluation a été menée au Bangladesh, sur plus de 340 000 personnes. Les campagnes de vaccination progressent dans le monde, mais entre ceux qui refusent le vaccin et les pays à moyen ou faible revenu où beaucoup de monde n’y aura pas accès, il faut continuer à utiliser d’autres moyens pour lutter contre la pandémie. Le masque est évidemment l’une des solutions préconisées. Des preuves supplémentaires de son efficacité encourageraient son utilisation, selon le groupe de chercheurs qui a mené cette étude, publiée le 1er septembre dernier. Car certains redoutent notamment un effet contraire, le port du masque pouvant apporter une fausse sécurité qui les pousse à réduire la distance physique, par exemple.

Une densité qui rend difficile de garder la distance

Le Bangladesh représentait un bon terrain d’étude: le huitième pays le plus peuplé du monde (165 millions de personnes) avec une forte densité de population (2890 personnes au km²), comptait environ 1,5 million de cas de Covid en août 2021. Difficile d’y respecter la distanciation sociale. Le gouvernement a rendu obligatoire le port du masque fin mai 2020, avec menace d’amende. Entre le 21 et le 25 mai, une étude a montré pourtant que seul 51% des 152 000 personnes observées portaient un masque. Un pourcentage qui est tombé à 26% en juin 2020, dont 20% portant des masques qui couvraient à la fois la bouche et le nez.

Pour mener leur étude, les chercheurs et l’IPA (Innovations for Poverty Action) ont sélectionné 600 villages: 300 qui resteraient tels qu’ils étaient et les 300 autres dans lesquels allait être menée une campagne pour le port du masque. L’expérience, qui a duré 8 semaines dans chaque village, a consisté à distribuer gratuitement des masques, à encourager de le porter et à expliquer comment bien le faire.

9% de cas symptomatiques en moins

Résultat: les villages dans lesquels la campagne a été menée ont vu une augmentation de 29% de personnes portant le masque. Cela a réduit le nombre de personnes atteintes d’une forme symptomatique du Covid de 9%. Mieux, ce chiffre était de 35% chez les 60 ans et plus.

Les chercheurs ont également remarqué que la distance physique ne diminuait pas à cause du port du masque, mais avait au contraire augmenté de 5%, voire de 7% dans les marchés. À noter également que les cas de symptômes ont diminué de 5% dans les villages où étaient distribués des masques en tissu et de 11% lorsqu’il s’agissait de masques chirurgicaux.

Privilégier le masque chirurgical

L’efficacité du masque est même sans doute bien plus grande que cela. «Le fait que l’étude a été menée à un moment où le taux de transmission du coronavirus au Bangladesh était relativement faible, qu’une minorité de personnes symptomatiques a consenti à une collecte de sang pour confirmer leur état de santé et que moins de la moitié des personnes dans les villages d’intervention a utilisé un masque montre que le véritable impact du masque pourrait être beaucoup plus important, en particulier dans les zones avec plus de rassemblements et d’événements à l’intérieur, a noté Ashley Rene Styczynski, l’une des auteures de l’étude dans «Stanford Medicine».

«Notre étude fournit des preuves solides que le port du masque peut interrompre la transmission du SRAS-CoV-2. Elle suggère également que l’efficacité de la filtration est importante. Cela inclut l’ajustement du masque ainsi que les matériaux à partir desquels il est fabriqué. Un masque en tissu est certainement mieux que rien. Mais c’est peut-être le bon moment pour envisager de passer à un masque chirurgical», a conclu Stephen Luby, autre auteur de l’étude.

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