Assassinat de Samuel PatyLa justice a rendu sa sentence contre les six élèves impliqués
Les ex-collégiens jugés dans le cadre de la mort du professeur Samuel Paty, tué en 2020 par un jihadiste près de Paris, ont écopé de prison avec sursis et de peines de prison aménageables.
Six ex-collégiens impliqués dans l’assassinat du professeur Samuel Paty en France par un jeune jihadiste en 2020 échappent à la prison: l’un a été condamné vendredi à six mois de prison ferme mais aménagée sous bracelet électronique et cinq autres à des peines avec sursis.
Dans cette affaire qui avait suscité une onde de choc internationale, l’enseignant en histoire-géographie de 47 ans avait été poignardé puis décapité en octobre 2020 près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d’origine tchétchène abattu dans la foulée par la police.
Le jeune islamiste radicalisé de 18 ans reprochait au professeur d’avoir montré des caricatures de Mahomet, lors d’un cours sur la liberté d’expression. Dans un message audio en russe, il s’était félicité d’avoir "vengé le Prophète".
Parmi les ex-collégiens jugés devant le tribunal pour enfants pour association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées, cinq, à l’époque âgés de 14 et 15 ans, étaient accusés d’avoir surveillé les abords du collège et désigné Samuel Paty à l’assaillant, contre rémunération.
Sursis
La peine la plus lourde, deux ans de prison dont six mois ferme aménagés sous bracelet électronique, a été prononcée à l’encontre de l’ex-collégien abordé par l’assaillant Abdoullakh Anzorov.
«Vous avez communiqué à l’assaillant la description physique et vestimentaire» du professeur et son «trajet habituellement emprunté», «vous êtes resté pendant plusieurs heures» avec lui et avez «favorisé» sa «dissimulation», lui a dit le tribunal. «Vous avez recruté d’autres collégiens afin de désigner» l’enseignant, organisé la «surveillance» aux abords du collège «pendant plusieurs heures» et enfin «désigné Samuel Paty à la sortie du collège».
Quatre autres jeunes ont été condamnés à des peines allant de 14 mois avec sursis probatoire (c’est-à-dire assorti d’une série d’obligations, notamment de suivre un enseignement ou une formation et d’être suivi par des professionnels de l’enfance) à 18 mois avec sursis probatoire.
Une sixième adolescente, 13 ans au moment des faits, a été condamnée à 18 mois de sursis probatoire pour dénonciation calomnieuse. Cette collégienne avait, à tort, soutenu que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de la classe de se signaler et de sortir de la classe avant de montrer les caricatures de Mahomet. Elle n’avait en réalité pas assisté à ce cours.
«Infractions établies»
Dans son jugement, lu en audience publique après deux semaines d’un procès à huis clos, le tribunal a précisé avoir pris sa décision au regard «de la gravité des faits» et de la «personnalité» et «évolution» des prévenus, alors que les infractions sont «parfaitement établies».
Le procès, ouvert le 27 novembre, s’était conclu vendredi matin avec les derniers mots des prévenus, avant que le tribunal ne se retire pour délibérer. Les prévenus, aujourd’hui lycéens, encouraient deux ans et demi d’emprisonnement.
Le procès s’est tenu sous un strict huis clos en raison de leur jeune âge au moment des faits. La presse avait même l’interdiction de rapporter, via la parole des avocats, ce qu’il s’est dit pendant les débats ou ce que le parquet antiterroriste a requis.
Dans cette affaire, un second procès est prévu fin 2024 pour huit adultes, dont le père de la collégienne qui avait alimenté une violente campagne sur les réseaux sociaux contre l’enseignant.