FootballCe qu’il faut avoir en tête avant Suisse – République tchèque
Dernier match de Ligue des nations et dernier match officiel avant la Coupe du monde pour l’équipe nationale. Le rendez-vous de mardi (20h45) comporte son lot d’enjeux.
- par
- Valentin Schnorhk Saint-Gall
Tout a un petit peu changé depuis samedi soir. Moins de tension, plus de certitudes apparentes. Plus de confiance, tout simplement. Le mot déteint, il est porté par toute l’équipe de Suisse, après la victoire 2-1 en Espagne. Comme si l’on avait décidé de relativiser le danger: il ne faudra pas perdre contre la République tchèque mardi (20h45) à Saint-Gall, pour conclure cette troisième édition de la Ligue des nations.
Et puis, il y a une attente qui se dessine au niveau du jeu. On a vu une Suisse aussi incroyablement solide que solidaire à Saragosse. Mais la Suisse séduisante, propre techniquement et portée vers l’avant d’il y a quelques mois est attendue. Parce que le Mondial, c’est dans moins de deux mois.
Un style à peaufiner
Ces derniers temps, l’équipe de Suisse s’est surtout exprimée au travers de ses joueurs. Ce sont eux qui ont tracé la ligne qu’ils veulent suivre, Murat Yakin lâchant un petit peu de lest et acceptant d’opter pour un savant mélange entre ses idées et celles de ses cadres, Granit Xhaka en tête. Alors quand, à la sortie de la victoire 2-1 en Espagne samedi, tout le monde ou presque a placé la rencontre de la Romareda dans un contexte particulier, où le niveau de l’adversaire justifiait l’approche, cela traduit un certain manque.
Dans leurs discours, les joueurs portent des intentions: «Notre jeu est d’avoir la balle», soulignait Yann Sommer. Face à la République tchèque, c’est ce qui devra ressortir de la prestation helvétique. «Nous avons beaucoup travaillé offensivement durant la semaine et nous voulons être dominants et efficaces face à la République tchèque», a assuré Murat Yakin lundi.
C’est là où se pose une question cardinale: de quoi l’équipe de Suisse, que l’on a vu à même de maîtriser la phase défensive tant contre le Portugal que l’Espagne, est-elle vraiment capable avec le ballon? Avec Murat Yakin à sa tête, elle n’a pas encore affiché des principes stables dans ce domaine, même s’il y a une intention de verticalité, là où la Suisse de Petkovic acceptait de vivre avec une forme de patience et de possession maîtrisée. Puisqu’il s’agit du dernier match officiel avant la Coupe du monde, c’est un petit peu le moment ou jamais pour ébaucher le cadre dans lequel l’équipe nationale s’inscrira dans deux mois.
Sauf qu’il y a aussi un impératif de résultat, avec le besoin d’un point pour se maintenir en Ligue A. «Ce ne serait pas une honte de finir dernier de ce groupe, même l’Angleterre a été reléguée, se rassure Yakin. Pour nous, c’est une finale. Nous ne jouerons pas pour le match nul.» Il y aura donc des leçons à tirer de cette affiche.
L’équipe probable: Sommer; Widmer, Schär, Elvedi, Rodriguez; Sow (ou Zakaria), Xhaka, Freuler; Shaqiri, Embolo, Vargas.
Les Tchèques, l’ombre d’un doute
Il y a une quête de revanche. Dans un autre monde, la République tchèque aurait pu aborder le match de Saint-Gall en étant déjà assurée de son maintien en Ligue A ou, au pire, en étant en position très favorable. La réalité s’est refusée à ce monde-là, dès lors que la Suisse a réalisé l’exploit de s’imposer en Espagne. Et que, dans le même temps, les Tchèques subissaient un très dur 4-0 à domicile par le Portugal. Ils ne sont plus en position de force: ils doivent l’emporter mardi s’ils comptent rester dans la plus haute division de la Ligue des nations.
«Il ne faut pas spéculer, nous devrons gagner mardi», a lancé le défenseur de West Ham Vladimir Coufal lundi. Son sélectionneur Jaroslav Šilhavý ne dit pas autre chose: «Nous devons réagir, faire mieux que contre le Portugal. Cela suggère un certain courage, de l’intensité et surtout moins d’erreurs.» La formule avait marché début juin, face à la Suisse. Les Tchèques avaient sérieusement gêné l’équipe nationale, en ouvrant le score dès la 11e minute par Jan Kuchta, avant qu’un but contre-son-camp malheureux de Djibril Sow leur donne la victoire.
Et cette fois, il y a un effectif renforcé côté tchèque, avec notamment la présence de Patrik Schick, l’attaquant du Bayer Leverkusen. Ou celle du meneur de jeu gaucher de la Fiorentina, Antonin Barak. Sauf que ces leaders offensifs ont failli samedi. À l’instar de Schick, qui a trouvé le poteau sur un penalty qui pouvait remettre sa sélection dans le match, juste avant la pause. Ces Tchèques font douter, mais ils doivent aussi se départir de cette incertitude, eux qui avaient parfaitement commencé cette campagne (victoire contre la Suisse et nul en Espagne).
Les infos bonus
La clé du match: répondre à l’intensité
L’aveu est signé Yann Sommer. «À l’aller, nous avions été surpris par l’intensité déployée par les Tchèques», a-t-il admis dimanche. La gestion des duels avait notamment été largement à leur avantage. On peut être pris au dépourvu une fois, mais pas deux. Du moins, on s’en persuade. «La République tchèque nous avait montré qu’avec beaucoup de courses, on peut gagner un match», s’est même imprégné Murat Yakin. Il y a là une leçon.
Et il faudra l’avoir bien apprise en vue du match retour de ce mardi. Notamment parce que la défense centrale, qui avait été terriblement explosée à Prague, risque bien d’être la même: en raison de la suspension de Manuel Akanji, c’est probablement Fabian Schär qui sera aligné aux côtés de Nico Elvedi. «La République tchèque mise sur un système intéressant, joue de manière très verticale et a une défense compacte, relève Yakin. Elle a aussi des joueurs grands en taille, donc il faudra être attentif sur les coups de pied arrêtés.»
C’est à un match moderne que doivent attendre les Suisses. Et dans le football actuel, difficile d’exister sans intensité. La gestion des transitions, notamment défensives, devra être optimale. L’idée pourra servir aussi dans d’autres contextes.