BolivieAppel à manifester après la condamnation de Jeanine Añez
Ancien présidente par intérim de la Bolivie en 2019 après le départ d’Evo Morales, Jeanine Añez a été condamnée à 10 ans de prison vendredi.
L’opposition bolivienne a annoncé samedi des mobilisations contre la condamnation de l’ex-présidente intérimaire Jeanine Añez à 10 ans de prison, accusée de s’être emparée du pouvoir après la démission de l’ex-chef de l’Etat Evo Morales, qui a qualifié la peine de «légère».
«A partir de la semaine prochaine, nous allons organiser des manifestations», a déclaré l’opposant Manuel Morales, du Comité national de défense de la démocratie (Conade), au lendemain de la condamnation de l’ex-sénatrice de droite à 10 ans de prison.
L’ancien président de gauche, Evo Morales (2006-2019), a estimé sur Twitter que «10 ans de prison est une peine légère en comparaison avec les dommages causés à la démocratie».
«Prisonnière politique»
La famille de Jeanine Añez a qualifié Evo Morales de «lâche» et annoncé que cette dernière allait faire appel. «C’est un verdict politique. Cela ne va rien changer car ma mère restera une prisonnière politique», a accusé Carolina Ribela, la fille de l’ex-présidente.
Jeanine Añez était devenue présidente de la Bolivie par intérim fin 2019, deux jours après la démission d’Evo Morales qui briguait un quatrième mandat. Face à la confusion qui avait entouré les résultats le donnant vainqueur, l’opposition avait crié à la fraude. Une explosion de violence avait suivi le scrutin, finalement annulé, et Evo Morales avait fui en exil.
Deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez avait pris ses fonctions à la faveur de la vacance de pouvoir provoquée par les démissions en chaîne d’Evo Morales et de ses successeurs constitutionnels. Le Tribunal constitutionnel avait validé son élection. Après un peu moins d’un an au pouvoir, face à la victoire à la présidentielle du candidat de gauche et dauphin d’Evo Morales, Luis Arce, elle avait reconnu la défaite de son camp et cédé le pouvoir.
«Manquement au devoir»
Vendredi, la justice a estimé que Jeanine Añez, qui aura 55 ans lundi, s’était rendue coupable de «manquement au devoir» et «décisions contraires à la Constitution». Lors de sa dernière déclaration, elle avait affirmé que le tribunal avait «exclu» des preuves permettant de démentir un renversement d’Evo Morales.
Les anciens chefs des forces armées, William Kaliman, et de la police, Yuri Calderon, tous deux en fuite, ont écopé également de 10 ans de prison. L’opposant et ancien président centriste Carlos Mesa (2003-2005) a accusé le parti au pouvoir, le Mouvement vers le socialisme (MAS), de «crime politique» lui reprochant d’abuser de la servilité du système judiciaire.
L’ancienne cheffe de l’Etat pourrait être également jugée pour «sédition, terrorisme et conspiration». Elle est aussi accusée de génocide après des plaintes de familles de victimes de la répression menée par les forces de l’ordre fin 2019 dans des fiefs d’Evo Morales, qui a fait 22 morts selon un groupe d’experts indépendants. Ce dossier doit être examiné par le Parlement.