Élections législativesL’Espagne doit faire un choix entre gauche et droite
La droite part grande favorite dans la course des législatives. Le Premier ministre socialiste sortant, Pedro Sanchez, a demandé aux Espagnols de se mobiliser.
L’Espagne attend fébrilement dimanche le résultat d’élections législatives, scrutées dans toute l’Europe, dont la grande favorite est l’opposition de droite mais qui pourraient aussi amener l’extrême droite au gouvernement pour la première fois depuis la fin du franquisme.
La participation, qui avait bondi de 2,5 points à la mi-journée, s’affichait en net repli à 16H00 GMT à 53,12% contre 56,85% lors des dernières législatives de 2019, les électeurs s’étant plutôt mobilisés le matin en raison de la chaleur.
Ce chiffre n’intègre toutefois pas les 2,47 millions de personnes, sur 37,5 millions d’électeurs, ayant voté par correspondance – un nombre record dû au fait que ce scrutin se déroule, pour la première fois, en plein été.
Droite donnée vainqueur
Les bureaux de vote fermeront à 20 heures, mais il faudra attendre environ une heure pour la publication des premiers résultats partiels.
Donné vainqueur par les sondages, le leader du Parti populaire (PP, droite) Alberto Núñez Feijóo a dit dimanche espérer que l’Espagne «entame une nouvelle ère».
Cette élection est «très importante (…) pour le monde et pour l’Europe», a estimé de son côté le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, au pouvoir depuis cinq ans.
Intérêt inhabituel
Ce scrutin suscite un intérêt inhabituel à l’étranger en raison de la possible arrivée au pouvoir d’une alliance entre la droite traditionnelle et le parti ultranationaliste et ultraconservateur Vox, qui rejette l’existence de la violence de genre, critique le «fanatisme climatique» et est très ouvertement anti-LGBT et anti-avortement.
Un tel scénario marquerait le retour au pouvoir de l’extrême droite en Espagne pour la première fois depuis la fin de la dictature franquiste en 1975, il y a près d’un demi-siècle.
«Capitulation des conservateurs»
À l’approche des élections européennes de 2024, le basculement à droite de la quatrième économie de la zone euro, après l’Italie l’an dernier, constituerait un revers cinglant pour la gauche européenne, d’autant plus symbolique que l’Espagne exerce actuellement la présidence tournante de l’UE.
Dans une tribune publiée dimanche dans le quotidien français «Le Monde», l’ancien Premier ministre travailliste britannique Gordon Brown a estimé qu’une entrée de Vox au gouvernement – synonyme, selon lui, de «capitulation des conservateurs espagnols face à l’extrême droite» – «aurait des répercussions sur tout le continent».
Toutes les enquêtes d’opinion publiées jusqu’à lundi estimaient quasi certaine une victoire du PP d’Alberto Núñez Feijóo, 61 ans, mais le fait que leur publication soit interdite pendant les cinq jours précédant le scrutin incite à la prudence.
Gouvernement de coalition
L’objectif d’Alberto Núñez Feijóo est de remporter la majorité absolue de 176 députés à la Chambre des députés, afin que le PP puisse gouverner seul. Mais pas un sondage n’a envisagé un tel score et le PP devrait donc avoir recours à une alliance.
Son seul partenaire potentiel est Vox, parti né en 2013 d’une scission du PP, avec lequel il gouverne déjà dans trois des 17 régions du pays. Or le leader de Vox, Santiago Abascal, a averti que le prix de son soutien serait une participation au gouvernement.
«Sérieux revers»
Dénonçant «le tandem formé par l’extrême droite et la droite extrême» et jouant la carte européenne, il a estimé qu’un gouvernement de coalition PP/Vox «serait non seulement un recul pour l’Espagne» sur le plan des droits, «mais aussi un sérieux revers pour le projet européen».
Pour lui, la seule alternative est le maintien au pouvoir de l’actuelle coalition de gauche, mise sur pied en 2020, entre son parti socialiste et la gauche radicale, représentée par la ministre communiste du Travail Yolanda Díaz.
«Pour les gens de ma génération, ce sont les élections les plus importantes (…) C’est la prochaine décennie qui se joue», a mis en garde dimanche Yolanda Díaz, dont la formation Sumar regroupe une quinzaine de partis.