Industrie textile au BangladeshHausse de salaire de 56% pas suffisante selon les syndicats
L’État a augmenté le salaire mensuel minimum des ouvriers du textile à l’équivalent de 102 francs suisses. Les représentants des travailleurs réclament 187 francs suisses.
Le comité du salaire minimum du Bangladesh a augmenté mardi le salaire mensuel minimum des quatre millions d’ouvriers du textile du pays de 56,25%, le portant à 12’500 takas (102 francs suisses), un montant rejeté par les syndicats qui réclament 23’000 takas (187 francs suisses).
«Le nouveau salaire mensuel minimum pour les ouvriers des usines de confection a été fixé à 12’500 takas. Il sera effectif à partir de décembre», a déclaré à l’AFP Raisha Afroz, secrétaire du comité du salaire minimum nommé par le gouvernement. Ce montant a été immédiatement qualifié «d’inacceptable» par la Fédération des ouvriers de l’industrie et de l’habillement du Bangladesh (BGIWF). «C’est inacceptable. Cela est en deçà de nos attentes», a protesté auprès de l’AFP Kalpona Akter, présidente de la BGIWF, qui estime que le salaire minimum devrait être augmenté juqu’à 15.000 takas au moins.
Affrontements avec la police
Les ouvriers du textile, qui manifestent depuis deux semaines, exigent un quasi-triplement du salaire mensuel minimum, actuellement à 8300 takas (67 francs) et qu’ils veulent voir grimper à 23’000 takas (187 francs). Un peu plus tôt mardi, des violences avaient éclaté à Gazipur, au nord de Dacca. Selon la police, quelque 6000 travailleurs ont manifesté et incendié un bus dans l’attente de l’issue des négociations sur cette hausse du salaire minimum.
«Ils ont incendié un bus. Nous avons tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser», a indiqué à l’AFP Sarwar Alam, chef de l’unité de la police de Gazipur. D’après la police, quelque 600 usines textiles ont été fermées et des dizaines ont été saccagées la semaine dernière lors des pires manifestations salariales touchant les grandes zones industrielles du pays cette dernière décennie.
Quatre usines ont été incendiées et des routes bloquées par des milliers de manifestants. Au moins deux ouvriers sont morts dans ces violences.
Inflation à 10%
Le textile est une industrie clé du Bangladesh, deuxième exportateur mondial de vêtements derrière la Chine. Les quelque 3500 usines textiles, employant quatre millions d’ouvriers, majoritairement des femmes, produisent 85% des 55 milliards de dollars d’exportations annuelles du Bangladesh.
Elles fournissent des marques et distributeurs occidentaux, dont Gap, Hugo Boss, Adidas, H&M, le groupe Inditex dont fait partie Zara, Puma, Levi’s, Marks and Spencer ou encore Aldi.
Selon les syndicats, les ouvriers souffrent durement de l’inflation, qui a atteint près de 10% en octobre, et de la dépréciation d’environ 30% du taka par rapport au dollar américain depuis le début de l’an dernier. Le comité du salaire minimum, nommé par l’État, comprend des représentants des fabricants, des syndicats et des experts en salaires. Il se réunit généralement tous les cinq ans pour augmenter le salaire de base du secteur.
La dernière augmentation de ce salaire minimum remonte à décembre 2018. Il était alors passé de 5000 à 8000 takas par mois. En complément, un ouvrier du vêtement reçoit également un minimum de 300 takas en prime de présence.
Les manifestations des ouvriers du textile ont coïncidé avec celles des partis d’opposition qui exigent la démission de la Première ministre Sheikh Hasina avant les élections prévues en janvier.