Guerre en UkraineAu 16e jour de l’offensive russe, la menace de «sanctions massives» européennes
Vendredi, l’armée russe a étendu son offensive à une autre grande ville d’Ukraine, Dnipro, et poursuivi ses bombardements.
![Les pompiers s’activent à la suite d’une frappe aérienne sur une usine de chaussures, à Dnipro, le 11 mars 2022. Les pompiers s’activent à la suite d’une frappe aérienne sur une usine de chaussures, à Dnipro, le 11 mars 2022.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/d52a87e2-00fd-4760-b286-99073b14ba74.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=43e59efe653bde3d6949ddb1c148b120)
Les pompiers s’activent à la suite d’une frappe aérienne sur une usine de chaussures, à Dnipro, le 11 mars 2022.
AFPL’armée russe a étendu vendredi, son offensive à une autre grande ville d’Ukraine, Dnipro, et poursuivi ses bombardements qui frappent habitations et infrastructures civiles, au risque de nouvelles «sanctions massives» des Occidentaux. Le président français Emmanuel Macron a prévenu, à l’issue d’un sommet de l’UE à Versailles, près de Paris, que les Européens étaient prêts «si les choses continuaient sur le plan militaire», à prendre des «sanctions massives» contre la Russie.
Sur le terrain, le conflit déclenché le 24 février poussait toujours plus d’Ukrainiens à fuir vers l’ouest et les États européens voisins. Plus de 2,5 millions de personnes se sont déjà réfugiées à l’étranger, majoritairement en Pologne, et environ deux millions ont été déplacées en Ukraine même, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Désolation
Jusqu’ici épargnée par la progression des soldats russes, Dnipro, une cité industrielle d’un million d’habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la séparation entre l’est en partie prorusse de l’Ukraine et le reste de son territoire, a été tôt vendredi la cible de raids qui ont fait au moins un mort, ont annoncé les autorités locales. «Il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d’enfants, un immeuble d’habitations et une usine de chaussures (…) où un incendie s’est ensuite déclaré», ont déclaré les services d’urgence ukrainiens.
Ajoutant son cortège d’images de désolation à celles de Kharkiv (nord-est) et de Marioupol (sud), deux des villes les plus touchées depuis le début de l’invasion russe, Dnipro s’est réveillée hébétée, dans un décor de bâtiments calcinés, éventrés ou soufflés. Dans la matinée, on pouvait voir sur des images vidéo fournies par les secours des sapeurs-pompiers éteindre des flammes dans des ruines fumantes. Certains immeubles n’étaient plus qu’un amas de poutres et de structures métalliques tordues.
Après un hôpital pédiatrique mercredi à Marioupol, sur la mer d’Azov, dans le sud-est, un établissement pour personnes handicapées près de Kharkiv, dans le nord-est, a été atteint vendredi par une frappe, qui n’a toutefois pas fait de victimes. «C’est un crime de guerre contre des civils, un génocide de la nation ukrainienne!» a fustigé le responsable de l’administration régionale, Oleh Sinegoubov. D’après lui, 330 personnes – dont dix sont en fauteuil roulant et 50 à mobilité réduite – étaient sur les lieux au moment de l’attaque. «Les charpentes du bâtiment ont été détruites au niveau des 2e et 3e étages», ont précisé les secours.
La situation humanitaire s’aggrave
Quatre soldats ukrainiens ont par ailleurs été tués et six blessés dans le bombardement de l’aéroport militaire de Lutsk, dans le nord-ouest de l’Ukraine, a souligné le maire de la ville. Celui d’Ivano-Frankivsk, dans l’extrême ouest, a aussi été visé. Ces bases ont été «mises hors service», a affirmé le ministère russe de la Défense.
Des raids aériens nocturnes ont également eu lieu au-dessus des villes de Tchernihiv (nord), Soumy (nord-est) et Kharkiv, endommageant des immeubles d’habitations. De Kharkiv à Marioupol, en passant par Mykolaïv dans le sud, la situation humanitaire ne cesse de s’aggraver dans les localités assiégées ou menacées par l’offensive russe.
«Des assassins de Syrie»
Alors que l’armée russe semble ralentie dans sa progression par la résistance acharnée des Ukrainiens, selon des sources militaires occidentales, le président Vladimir Poutine a donné son feu vert à l’envoi de combattants «volontaires», notamment en provenance de Syrie. «Si vous voyez que des gens veulent y aller volontairement, qui plus est pas pour de l’argent, et aider ceux qui vivent dans le Donbass (est de l’Ukraine, ndlr), alors il faut aller à leur rencontre et les aider à rejoindre la zone de combat», a-t-il lancé en réponse à une proposition de son ministre de la Défense Sergueï Choïgou.
«C’est une guerre avec un ennemi très têtu (…) qui a décidé d’embaucher des mercenaires contre nos citoyens. Des assassins de Syrie, d’un pays où tout a été détruit par les occupants, comme ils nous le font subir à nous», a réagi le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky. Le maître du Kremlin a de plus demandé à son ministre de la Défense de lui proposer des redéploiements militaires à la frontière occidentale de la Russie, en réponse à ceux de l’OTAN en Europe orientale.
Vladimir Poutine a cependant affirmé que des «avancées» avaient été obtenues au cours des pourparlers russo-ukrainiens. La dernière session s’est déroulée jeudi en Turquie, pour la première fois au niveau des ministres des Affaires étrangères.
Dans le même temps, la Russie va engager des poursuites contre Meta pour «appel aux meurtres» de Russes, la maison mère de Facebook et d’Instagram ayant assoupli son règlement quant aux messages à caractère violent destinés à l’armée et aux dirigeants russes. L’accès à Instagram y a en outre été restreint. Cela «soulève des inquiétudes», a aussitôt commenté le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCR).