SuisseUne nouvelle initiative populaire pro-végétarienne sort de terre
Une écologiste propose d’augmenter le taux d’auto-approvisionnement des denrées alimentaires en Suisse. Avec des conséquences inévitables sur l’agriculture.
Cette fois, ce ne sera pas contre l’élevage intensif mais plutôt pour la culture de végétaux. Un nouveau texte est prêt pour relancer le débat sur la consommation de viande. Il sera déposé la semaine prochaine par Franziska Herren, une écologiste argovienne, qui était déjà derrière l’initiative anti-pesticides «eau propre». Mais cette fois, c’est par un moyen un peu détourné qu’elle veut arriver à ses fins, relève la «SonntagsZeitung».
Le texte demandera d’inscrire dans la Constitution l’exigence d’un taux d’auto-approvisionnement en Suisse de 70% (contre 56% aujourd’hui). Pourquoi? Parce que pour atteindre ce taux, il n’y aurait pas d’autre choix que de produire moins de viande. Car actuellement, 60% des terres agricoles en Suisse sont utilisées pour produire de la nourriture pour les animaux qui à leur tour deviendront de la nourriture pour les humains. La logique de l’écologiste: il faudra utiliser une partie de ces terres pour produire de la nourriture, végétale, directement pour les humains. Ainsi, moins besoin d’importations et augmentation du taux d’auto-approvisionnement.
Illusoire, alors que le peuple suisse a refusé il y a tout juste cinq mois de durcir la loi sur ce même thème? Franziska Herren y croit dur comme fer. Car son texte ne vise pas à interdire quoi que ce soit. Il y aura toujours de la viande, mais elle veut «un nouvel équilibre». Elle constate en outre que de plus en plus de personnes en Suisse réduisent déjà volontairement la quantité de viande qu’ils consomment. Une réorientation de l’allocation des subventions de la Confédération devrait alors aboutir à la production de plus de végétaux – et de protéines végétales – et à moins d’élevage d’animaux.
Combat contre l’UDC
Comme le relève le journal dominical, ce texte est aussi une réaction à une autre initiative en cours de développement. L’UDC, en fait, a exactement la même exigence: augmenter le taux d’auto-approvisionnement en Suisse (à 60%). Mais par un autre biais. Le parti veut permettre d’augmenter les surfaces cultivables. «Il en faut davantage, plutôt que des jachères, des prairies colorées et des tas de pierres», disait en août, dans «Blick», la conseillère nationale Esther Friedli (UDC/SG). En clair: il y a assez de surfaces écologiques. Il faut augmenter celles destinées à l’élevage et pouvoir avoir moins recours aux importations.