Grenoble (F)Au premier jour de son procès, Nordahl Lelandais s’excuse
L’ancien militaire comparaît depuis ce lundi pour le meurtre de la petite Maëlys en 2017. Face à la famille de la victime, il a dit ne pas avoir voulu donner la mort.
Des excuses et une plongée dans la personnalité de l’accusé: le premier jour du procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre de la petite Maëlys s’est ouvert lundi à Grenoble sous une forte pression médiatique.
Dès qu’il l’a pu, en fin de matinée, l’ancien militaire âgé de 38 ans, visiblement ému, a ôté son masque et demandé à pouvoir se tourner vers la famille de Maëlys De Araujo pour leur parler directement. La présidente lui a demandé de s’adresser plutôt à la cour. «Je veux leur présenter mes excuses, j’ai bien donné la mort à Maëlys, je ne voulais pas lui donner la mort», a-t-il déclaré en réprimant des sanglots, promettant de «(s)’expliquer sur les faits au cours de l’audience».
L’avocat de la mère et de la sœur de Maëlys, Me Fabien Rajon, a immédiatement fait part du «scepticisme» de ses clientes après ces déclarations. «On a eu droit à une larme de Nordahl Lelandais, on a eu droit à des excuses, mais ça ne valait très clairement pas grand-chose», a-t-il lancé. «Très clairement, on ne compte pas sur Nordahl Lelandais, on compte sur un dossier qui fait 23’000 pages, sur une instruction qui a établi la personnalité et la dangerosité de cet individu», a-t-il poursuivi.
Un grand portrait de Maëlys dans les mains de sa mère
Maëlys, huit ans, avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d’une soirée de mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère). Sa famille l’avait cherchée durant une heure avant d’alerter les gendarmes. Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, Nordahl Lelandais avait été confondu en février 2018 par la découverte d’une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Il avait alors admis l’avoir tuée «involontairement», puis avait conduit les enquêteurs jusqu’aux restes de la victime, dans le massif de la Chartreuse.
Mais, plus de quatre ans après les faits, plusieurs zones d’ombre demeurent: on ignore notamment encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture, ainsi que les circonstances précises du décès.
Les parents de la fillette sont arrivés lundi matin au Palais de justice avec un grand portrait peint de l’enfant. «L’objectif est que Maëlys ait toute sa place dans cette salle d’audience», a expliqué Me Rajon, ajoutant que la famille était «prête à affronter ces trois semaines d’assises».
Rebelle, colérique, mais sans violence évidente
Passé la pause de midi, la cour a entamé l’examen de la personnalité de l’accusé. Elle a commencé par auditionner longuement une enquêtrice de personnalité, Adeline Sendra, qui a rencontré Nordahl Lelandais à trois reprises. Elle a dit n’avoir détecté «aucune difficulté majeure durant l’enfance et l’adolescence». Nordahl Lelandais est «quelqu’un qui ne supporte pas l’autorité, colérique, mais la violence, ce n’est pas quelque chose qui ressort», a-t-elle relevé.
La demi-sœur de l’accusé, de six ans son aînée, a pour sa part déclaré avoir «toujours été proche» de son frère, «assez complice». «C’était un peu comme si c’était moi la petite sœur, il m’aidait pour déménager, pour repeindre l’appartement…»
Pour sa mère, également appelée à la barre, Nordahl Lelandais était un «enfant doux et gentil». Au moment des faits, en 2016-2017, elle a expliqué avoir été totalement accaparée par la grave maladie de son mari et n’avoir pas observé de changement dans le comportement de son fils. Elle a également mis en cause «ces histoires de drogues, d’alcool, qui l’ont entraîné dans ce délire».