Confrontée à la crise, l’économie espagnole résiste mieux que prévu

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En 2022, la croissance a atteint 5,5% en Espagne. Ce chiffre, supérieur aux attentes, place le pays dans le peloton de tête des États les plus dynamiques de l’Union européenne.

La croissance inespérée du PIB en 2022 est notamment due à la nette reprise du tourisme après deux ans de crise sanitaire.

La croissance inespérée du PIB en 2022 est notamment due à la nette reprise du tourisme après deux ans de crise sanitaire.

AFP

Croissance robuste, chômage en baisse et fièvre inflationniste en voie de résorption: l’économie espagnole est parvenue l’an dernier à résister à la dégradation de la conjoncture mondiale, plaçant le pays dans une position plus confortable que prévu à moins d’un an des législatives. Selon une première estimation publiée vendredi par l’Institut national des statistiques, la croissance espagnole a atteint 5,5% en 2022, en raison notamment de la nette reprise du tourisme après deux ans de crise sanitaire.

Le chômage recule, les emplois en CDI explosent

Ce chiffre, supérieur aux prévisions du gouvernement (4,4%), mais aussi de la Banque d’Espagne (4,6%), place l’Espagne dans le peloton de tête des pays les plus dynamiques de l’UE, où la Commission européenne s’attend à une croissance moyenne de 3,3%.

Signe de cette bonne santé: le chômage a légèrement reculé pour atteindre 12,87% de la population active l’an dernier, avec une forte progression des emplois en CDI (+1,6 million), dopés par une réforme du marché du travail en vigueur depuis janvier.

Contrairement à ce que prédisaient les «prophètes de l’apocalypse, nous avons aujourd’hui une croissance économique forte, l’inflation la plus faible d’Europe et un emploi record», s’est félicité sur Twitter, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.

Exception ibérique

Voilà un an, la situation semblait pourtant mal engagée pour la quatrième économie de la zone euro – l’une des plus affectées par la crise sanitaire, avec un recul historique de son produit intérieur brut (PIB) de 10,8% en 2020.

L’Espagne a en effet été l’un des premiers pays touchés par la flambée de l’inflation, en raison de son manque de connexions électriques avec le reste de l’Europe, qui a empêché la concurrence de jouer sur les prix de l’énergie. En juillet, un pic record de 10,8% a même été atteint.

Mais Madrid a réussi depuis à dompter cette poussée de fièvre. En décembre, l’inflation a ainsi ralenti à 5,7%, le chiffre le plus faible de la zone euro. Ceci grâce au régime d’«exception ibérique» accordé par Bruxelles à Madrid et Lisbonne, qui a permis depuis l’été de plafonner les prix de l’électricité, mais aussi aux nombreux plans d’aide annoncés par le gouvernement de gauche.

L’un des principaux bénéficiaires du plan de relance européen

Ces mesures, concentrées notamment sur les carburants et les loyers, et d’un coût global de 50 milliards d’euros, «ont permis à la consommation de se reporter sur d’autres secteurs» et de «soutenir l’activité», souligne Rafael Pampillon, professeur d’économie à l’Université Ceu San Pablo de Madrid.

D’autant que l’Espagne a bénéficié en parallèle de nombreux investissements, grâce aux fonds du plan de relance européen – dont elle est l’un des principaux bénéficiaires – et à l’appétit mondial pour les énergies renouvelables, en plein boom en Espagne.

Voyants au vert en vue des prochaines législatives

Tout n’est pas rose pour autant. Selon les économistes, une partie de ces résultats s’explique en effet par un rattrapage, l’Espagne ayant tardé plus que les autres à récupérer de la crise du Covid. L’économie du pays a en outre connu un net ralentissement depuis l’été. Enfin, l’argent dépensé pour soutenir le pouvoir d’achat pèse sur les finances publiques alors que le pays a déjà l’un des endettements les plus élevés d’Europe (116% du PIB).

Pour le gouvernement, soucieux de mettre en avant ses bons résultats en vue des législatives de fin 2023, les voyants sont néanmoins au vert: l’Espagne «entame l’année 2023 du bon pied», a assuré récemment la ministre de l’Économie Nadia Calviño.

(AFP)

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