Football: Des bateaux de pêche à la Ligue des champions, le rêve perdure

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FootballDes bateaux de pêche à la Ligue des champions, le rêve perdure

Le KI Klaksvik, club féringien au budget plus que modeste, a validé, mercredi, son ticket pour le 3e tour qualificatif de la plus prestigieuse des compétitions de clubs. L’histoire est-elle en marche?

Chris Geiger
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Chris Geiger
Vegard Forren (à droite) a inscrit le penalty décisif et offert la qualification au KI Klaksvik.

Vegard Forren (à droite) a inscrit le penalty décisif et offert la qualification au KI Klaksvik.

AFP

Nils Jonathan Johansson, Arni Frederiksberg, Vegard Forren… Ces noms ne vous disent rien? C’est normal. Joueurs semi-professionnels du côté du KI Klaksvik, les trois compères – à l’instar de tous leurs coéquipiers – sont en passe de devenir de véritables héros aux Îles Féroé. Car mercredi soir, sur la pelouse de la Bravida Arena de Göteborg, ils ont grandement participé à écrire l’une des plus grandes pages – si ce n’est la plus grande – de l’histoire du football féringien.

Celle d’envoyer leur petit club, dont le budget ne dépasse pas le million de francs, au 3e tour qualificatif de la Ligue des champions. Car après avoir réussi l’exploit d’éliminer le club hongrois du Ferencvaros (0-0; 0-3) pour leur entrée en lice dans la compétition, les joueurs de ce village de pêcheurs de 4800 habitants ont éliminé les Suédois du BK Häcken au bout du suspense (0-0; 3-3, 3-4 tab). 

Nils Jonathan Johansson? Le gardien a été déterminant en repoussant le tir au but du malheureux Simon Sandberg. Arni Frederiksberg? L’international féringien (11 sélections) a été l’homme du match en inscrivant un doublé et en convertissant son envoi dans la série couperet. Vegard Forren? Le défenseur central a transformé le penalty décisif. Le club féringien, 302e au classement UEFA, se retrouve ainsi à deux «petits» tours de la phase de groupes et des nombreux millions de la lucrative C1.

Le parcours du KI Klaksvik, qui a tout du conte de fées, est d’autant plus remarquable que les joueurs ne vivent pas du football. À côté des terrains, le double buteur Arni Frederiksberg est ainsi PDG de Kjølbro Heilsøla, une société qui importe des produits alimentaires. Il a détaillé son quotidien de la semaine dernière, avec le match aller contre Häcken disputé à domicile dans un stade de... 530 places, sur le site d’Eurosport.

«J'ai travaillé tous les jours de 8h à 16h avec pas mal de réunions et d'appels, et je m'entraînais de 17h à 20h avec l'équipe, raconte l’attaquant de 31 ans. Mais le mercredi, comme nous jouions le soir, j'ai travaillé jusqu'à midi puis j'ai un peu télétravaillé depuis chez moi. Ensuite, on s'est retrouvés dans l'après-midi avec l'équipe pour manger avant le match et nous avons joué ce match de Ligue des champions.»

Mais l’ailier n’est pas le seul à bosser au sein de l’effectif du club aux 20 titres nationaux. Et de loin. «Certains sont électriciens, d'autres machinistes, d'autres travaillent sur leurs bateaux ou font le ménage, précise-t-il. Il y a aussi pas mal d'étudiants.»

«Ceux qui ne travaillent pas le matin s'entraînent le matin, et ceux qui travaillent pendant la journée vont s'entraîner après le travail.»

Arni Frederiksberg, attaquant du KI Klaksvik

Alors forcément, les horaires de chacun ne concordent pas et l’entraîneur Magne Hoseth doit passablement jongler entre tous ces emplois du temps. «Tout le monde ne s'entraîne pas en même temps, sourit Frederiksberg. Ceux qui ne travaillent pas le matin s'entraînent le matin, et ceux qui travaillent pendant la journée vont s'entraîner après le travail. D'un côté, c'est une manière d'être plus efficaces parce qu'on est moins nombreux aux entraînements, c'est plus spécifique.»

Et, pour le moment, ça fonctionne. La folle aventure du KI Klaksvik se poursuivra les 9 et 16 août prochains, face aux Norvégiens Molde. Avec un nouvel exploit à la clé? Une chose est sûre, les Féringiens vont devenir le premier club du pays à disputer les phases de groupe d'une compétition européenne.

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